En mars, la désobstruction du gouffre des Senteurs n’ayant pas répondu à nos attentes, cette sortie printanière va donner la priorité au puits de l’Erable. Et puisque nous pouvons constituer deux équipes, nous allons continuer le chantier de ré-équipement du SO104.
La première matinée, Fabrice et moi, prenons le temps de démonter un des deux imposants trépieds encore présents au bord du trou du Fakir pour l’installer avec son tronc transversal de six mètres de long au dessus du puits de l’Erable. Cette installation va contribuer à positionner précisément les deux cordes au dessus de l’ouverture, une pour tirer les seaux, une autre pour descendre au fond du puits de sept mètres.
Pendant quatre jours des équipes de deux ou trois – dont la composition est décidée le matin selon l’envie et l’inspiration - se succèdent pour extraire des seaux de gravats. D’abord de la terre puis un remplissage argileux et caillouteux, entrecoupés de blocs de plusieurs dizaines de kg que nous perçons pour les remonter plus facilement avec un anneau de dyneema.
On passe le temps comme on peut au pied du trou, par exemple en comptant le nombre de seaux. Ainsi le taylorisme des opérations permet d’atteindre 44 seaux à l’heure (normal pour des Nantais), soit environ 0,4 m3 à l’heure en tenant compte du foisonnement. En clair, pour les allergiques aux calculs, le niveau baisse rapidement au fond du puits au point que l’on doive rallonger la corde de descente.
Thomas qui passait nous voir pour faire une virée dans le Bidon avec Fabrice, n’aura d’autre choix que de venir tirer des seaux pendant une journée. Les orages des jours précédents et le beau temps revenu n’encourageant pas à aller se tremper dans les galeries mondmilcheuses du Bidon.
A la fin du séjour, la cavité mesure dix mètres de profondeur, et juste avant de démonter le matériel, Fabrice, dernier remplisseur de seaux, découvre un vide de plusieurs mètres sous une dalle qu’il venait d’extraire. Même si le passage n’est pour l’instant pas pénétrable et qu’aucun courant d’air n’est présent, voilà de quoi nous inciter à poursuivre cet été et peut-être trouver le raccourci tant espéré vers le réseau du Bidon.
Dans le SO104, Olivier et Thibaut passent deux jours à agrandir les passages d’accès au méandre à –65 et reprendre l’équipement inutilisable des premières explorations.
Le troisième jour, Fabrice engage la descente du puits d’entrée. Arrivé au bord du trou, je pose le pied sur un bloc d’une dizaine de kilos qui s’écrase un peu plus bas et vole en éclats. « Attention pierres ! ».
Heureusement, quinze mètres plus bas, les morceaux de roche passent à côté de Fabrice. Je lui demande de remonter, jugeant la situation critique car de nombreux autres blocs sont branlants dans l’ouverture du puits et ne demandent qu’à chuter.
Il faut le dire : une grande partie des accidents en spéléo est due aux chutes de pierres. Donc pas question de minimiser ce danger.
Une heure durant nous nettoyons l’entrée du gouffre, en installant même une corde et une poulie-bloc pour tirer un morceau de calcaire de presque cent kilos. Lorsque la purge est terminée Fabrice remet le descendeur et alors qu’il passe la déviation fixée sur une racine je m’aperçois qu’elle fait bouger un autre gros bloc à l’entrée du puits. « Fabrice, remonte ! ».
Cette fois-ci le déplacement de la déviation sur une partie saine du rocher donne l’occasion de régler le problème. La troisième descente sera la bonne.
La sécurité est primordiale, et lors de notre progression vers le fond nous améliorons l’équipement en doublant systématiquement les départs de mains courantes et les têtes de puits qui ne l’étaient pas. Le temps restant sera consacré à l’installation d’une vire pour contourner un puits au dessus du méandre. Objectif atteint.
Olivier et Sébastien poursuivrons l’équipement d’une main courante jusqu’à atteindre l’étroiture horizontale qu’il faudra passer pour atteindre le fond de la cavité.