Bois de Cerf – Bidon- Episode 7
L’automne n’est pas la meilleure période pour explorer les gouffres du massif des Arbailles. Cependant la passion de l’exploration ne se contrôlant pas, nous voici une fois de plus à l’entrée du gouffre du Bois de Cerf qui se développe sur 330m avec ses nombreuses ramifications verticales. Corinne, Thibault et Olivier D. m’accompagnent.
Première surprise, dans le P55 à -85m un actif arrive dans le puits par un petit méandre et agrémente la fin de la descente qui m’amène à -100. J’entends nettement l’eau cascader dans le Puits Pile Poil (P38) situé juste en dessous. L’objectif de cette journée est de topographier ce puits et d’y faire quelques photos au flash. En spéléo d’exploration, des objectifs on en a mais on les tient rarement.
Pendant que mes compagnons finissent de descendre tranquillement, je déroule la corde restée à l’abri depuis le mois d’aout et m’engage dans le P38. Dix mètres plus bas, force est de constater que les quelques litres par seconde qui viennent d’en haut suffisent à arroser toute la section du puits où je me trouve. Je remonte car faire de la topo et de la photo dans ces conditions, c’est l’hypothermie assurée.
Avec Thibault qui vient d’arriver nous décidons d’équiper la partie haute du puits qui part en méandre pour voir si une suite est possible. Celui-ci est couvert d’une épaisse couche d’argile qu’il faut enlever au piochon pour progresser sans glisser. L’humidité contenue dans cette enveloppe collante a corrodé le calcaire sous-jacent et une fine interface d’aspect sableux s’est créée entre l’argile et la roche. Ce qui fait qu’étonnamment l’argile adhère très peu à la paroi et s’en va par plaque.
J’installe plusieurs goujons et progresse laborieusement vers l’avant. Thibault me relaie jusqu’à un passage étroit, glissant et suspendu qui devient difficile à équiper. En face de nous, à deux mètres on peut observer la fin du méandre qui rejoint la partie inférieure du puits. Il n’y aura pas de prolongement de ce côté.
Thibault, déçu, me dit : « on a fait tout ça pour rien ! ». Je ne suis pas démotivé pour autant : en explo on ne gagne pas à tous les coups, il faut être patient et obstiné.