Noël au balcon... Nouvel an aux Arbailles.
Les derniers épisodes hivernaux ne nous voient malheureusement plus monter au cayolar en raquettes, tirant des traineaux. Ce qui a perdu de son charme et amoindri la sensation d’aventure. La douceur de la météo nous permet donc, ce 25 décembre en soirée, de nous approcher en voiture au pied du cayolar. Je suis allé récupérer Blanche et Louise à Toulouse et nous déballons les cadeaux de Noël à la lueur des bougies car le groupe électrogène est en transit dans la voiture de Fabrice. Il finit par arriver, à temps pour attaquer les toasts et le boudin blanc sauce morilles.
Les filles n’ont pas pu faire de spéléo cette année, on a prévu de « faire de la classique » tant qu’elles sont là. Fabrice avait planifié d’aller élargir en solitaire le troisième méandre du Bidon, un de nos gouffres en exploration. Il lui aurait fallu beaucoup de courage et de motivation. Finalement, à notre grand bonheur, il nous accompagne à Bexanka et nous avoue qu’il n’a jamais réussi à aller jusqu’au Temple Chinois. De fait, à force d’encadrer des novices dans ce gouffre, nous avons rarement la possibilité d’aller jusqu’au bout du réseau. Et cette fois-ci on ne va pas se gêner pour en voir le maximum. A noter que la LPO a installé un dispositif de détection des chauves-souris dans une des sections les plus étroites de la première galerie. Nos amies chiroptères ne sont pas en hibernation profonde du fait de la météo clémente et nous les voyons souvent voler.
Comme le lendemain il fait relativement beau, nous décidons de rester majoritairement en surface. Fabrice a amené la tronçonneuse pour entretenir de nouveau le chemin sur lequel plusieurs arbres sont tombés. On poursuit notre marche en bas de la zone Ihatia avec toujours le même objectif : trouver une entrée basse au réseau du Bidon. Nous fouillons en râteau la zone pentue d’Exaltia en complément à la dernière prospection de la Toussaint. Nous sommes en-dessous de la falaise du promontoire rocheux, que nous appelons le « Mamelon » et qui se trouve à l’aplomb de la fin actuelle du réseau du Bidon à 350 m de profondeur. Maigre récolte ! Nous ne rentrons cependant pas bredouilles et glanons dans notre besace un petit trou non pénétrable mais pas encore connu car caché sous des blocs. Ce sera le RE 453. Nous arrêterons la fouille à la grotte des Italiens, puisque cette zone a été parcourue la dernière fois. Nous en profitons pour aller fouiller le fond de cette large cavité fossile qui se présente sous la forme d’un chaos rocheux où nous nous perdons facilement. Fabrice retrouve un axe de diaclase, la désescalade, passe une étroiture suspendue. Il y a des traces de passage. Il s’arrête au-dessus d’une petite salle sans prendre le risque de désescalader car nous n’avons pas de corde. La topo confirmera par la suite qu’il était au bout de la zone connue et qu’apparemment il n’y a pas d‘espoir de poursuite. Dommage !
Le jour suivant, nous prévoyons d’aller visiter la grande salle Nemo dans le gouffre Etchar. Au moment de partir, les Corréziens du Nébélé débarquent au cayolar. Fabrice et les filles partent à Etchar, quant à moi j’accompagne Christian, Mathieu et les autres Corréziens au GA 50 situé en haut du massif. Christian l’avait exploré en …1988. Nous ne sommes pas les premiers sur la zone.
Louise et Blanche partent le soir, Fabrice tôt le lendemain matin. Pascal est arrivé.
Nous reprenons nos programmes d’élargissement des camps précédents : deux journées au fond du Bois de Cerf à -170 m pour découvrir le fameux écho qui est finalement dû à un puits de 15m remontant. Le méandre poursuit sa direction mais malheureusement reste étroit. Nous avons élargi les passages découverts la dernière fois et plus particulièrement le ressaut de trois mètres avant le P15 dans lequel j’ai pesté en le remontant avec le perfo.
En ce dernier jour de l’année, nous démarrons le chantier d’élargissement au SO 104. Arrivés rapidement au bout de la zone préalablement équipée par Thomas à la Toussaint, nous remarquons, sous un bloc, le P32 - que nous ne devons pas descendre - et comprenons rapidement pourquoi Thomas disait : « il faudra élargir l’entrée ». Ils n’étaient pas gros, les premiers explorateurs ! Nous équipons le dernier ressaut et nous découvrons un beau méandre propre, mais de largeur identique à ceux du Bidon avec un accès en verrou et en désescalade. Cela ne rentre pas dans notre convention de « vieux spéléos», donc nous démarrons le chantier ici. D’après la topo, le méandre est court mais la zone étroite démarre peu après. Et nous ne sommes pas arrivés au bout, là où seulement, il est indiqué qu’il y a une étroiture. La cavité ne ventile pas, ce qui nous oblige à remonter assez rapidement. On profite d’un dernier rayon de soleil avant l’arrivée de la pénombre pour avaler notre repas - que nous n’avions pas trainé au fond du trou - et nous remontons au cayolar pour le repas du réveillon, à la chaleur du poêle.
Le premier janvier, nous montons nettoyer le matériel dans les abreuvoirs de la fontaine d’Ahusquy, seul point d’eau pérenne en hiver dans toute cette partie haute des Arbailles. On y croise quelques randonneurs venus admirer le magnifique point de vue qui rend finalement le nettoyage agréable même avec les mains dans l’eau froide et le vent en rafale.
Je quitte Pascal en début d’après-midi. Il restera seul jusqu’au jeudi, à débiter du bois, dégager les accès à la forêt, nettoyer son matériel, dépolluer la montagne en récupérant divers résidus qui trainent et finir par élargir l’entrée d’un gouffre trouvé il y a deux ans et que nous n’avons pas encore descendu. Mais ce sera pour une prochaine fois.