Spéléo-Canyon Saint-Herblain

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Sortie dans les Carrières de craie de Caumont

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Rivière des robots CaumontPour démarrer les sorties souterraines de l’année, une fois n’est pas coutume, nous optons pour une cavité anthropique. Son originalité réside dans le fait que nous allons évoluer dans la craie au lieu de notre bon vieux calcaire urgonien.

On se renseigne rapidement sur la formation de cette roche. Elle s'est formée pendant des périodes géologiques connues pour la calcification (sénonien). Sa particularité vient principalement de sa composition qui est assez pure en calcite d’où sa couleur blanche immaculée et qui est liée aux sédiments organiques sur lesquels je ne m’étendrai pas (vu mes connaissances limitées dans ce domaine).  On s’attendait à une roche assez friable et c’est vrai que dans les endroits étroits nous avons récupéré sur nos effets des dépôts fins et blanchâtres, néanmoins la roche reste dure au contact (la carrière servait à l’extraction de pierres de construction). Nous allons constaté la présence de niveaux de silex interstratifiés qui viennent rayer horizontalement cette uniformité. Bref, nous allons découvrir les carrières de Caumont en Normandie dans les boucles de la Seine.

Nous avions réservé un gite cosy et familial situé en face du site, si ce n’est le fleuve qui nous séparait. Nous avons donc transité pendant les deux jours par le bac fluvial. Au vu de la facilité de cette course, des objectifs de progression pour une partie de la troupe ont été prévus : savoir se préparer pour une sortie, prendre les équipements de survie, se guider avec un plan, organiser des rappels de cordes.

Les carrières de Caumont offrent un développent de plus de 10km de grandes galeries excavées en réseau orthogonal, parfois sur des grandes étendues soutenues par des piliers de masse. Les galeries ont des hauteurs de plafond entre 30 et 40m et au moins autant de large. De quoi se perdre et c’est ce que nous avons subi lors de notre première heure, le plan ne nous indiquant pas vraiment quelle entrée nous avions emprunté. Ces pérégrinations nous ont fait découvrir l’ensemble des beaux volumes de la grotte des Maquisards avant que l’on considère la dernière option :  il faut ressortir par une des énormes excavations dans la falaise pour se réintroduire par une ouverture plus éloignée. On se repère enfin sur le plan et découvrons très rapidement le passage bas qui mène aux grandes carrières. Ambiance insolite, entre béton et craie, les ruines de l’usine allemande datant de 1943 font penser aux images des bandes dessinées de Edgar P. Jacobs comme «Le secret de la grande Pyramide » ou « Le piège infernal ». Nous remontons ce sarcophage de béton qui aurait dû servir à fabriquer le comburant des missiles V2, la dalle de plafond s’est effondrée non pas sous les bombardements alliés (nous sommes à 130m sous la surface) mais sous le poids d’énormes blocs de calcaire qui décidément ne voulaient pas que les allemands s’y installent.

Galerie à CaumontA Caumont, l’intérêt pour le spéléologue réside dans les 4,5km de galeries naturelles, un axe assez méandrique qui a été trépané et découpé en petites sections par les carriers. On s’insère dans une de ces découpes qui s’ouvrent dans la paroi lisse de la travée pour progresser dans une galerie concrétionnée avant de ressurgir dans le vide sidéral de la sape suivante. Nous irons jusqu’au puits des Chocottes tester la méthode de hissage de cordes via la cordelette en fixe. La cordelette est fixée en hauteur surement pour la rendre inaccessible aux promeneurs indélicats avec un contrepoids lui aussi placé très haut et qui exige une escalade sur bloc. La manœuvre est pilotée avec succès par Thibault, la corde s’enfile dans les deux anneaux d’amarrage que nous ne distinguons pas 35m plus haut. Une montée, une descente dans ce puits pour les courageux et il faut rappeler la corde sans laisser filer la cordelette. Audrey est à la manœuvre et s’essaye à descendre en méthode de rappel avec un martyr réalisé sur un descendeur ATKD que Jean-Alain avait étourdiment laissé sur son baudrier. Bref on s’amuse, on s’entraine à faire des points chauds, à essayer les ponchos. On part ensuite sur la partie la plus éloignée : la grotte de la Jaqueline et ses énormes entrées avant de retrouver le creusement naturel en aval. Cette fois c’est de la vraie spéléo dans la boue avec des partie en ramping. Nous arrivons dans une petite salle qui semble être un arrêt à pas mal d’expéditions vu les inscriptions nombreuses sur les parois. On cherche la suite à travers les blocs, on s’infiltre à tort entre les blocs, ce n’était pas le réseau escompté mais nous découvrons alors qu’il y a un concrétionnement assez fourni. On se croirait dans une cavité du jura ; on en déduit que les concrétions avaient été pillées dans les parties les plus accessibles. De retour dans les grands volumes, nous déambulons, prenons des photos dans les parties inondées, découvrons les anciennes champignonnières, nous nous interrogeons sur la présence d’armatures métalliques que nous pensons être des supports de bâches (l’énigme n’a pas encore été élucidée) pour atteindre sans se perdre l’entrée de la rivière des robots. Cette galerie sympathique sur les 200 premiers mètres nous oblige ensuite à marcher en canard, inutile de dire que Bertrand avec sa grande taille n’est pas le plus favorisé.
Arrivée tardive au gîte après une nouvelle petite croisière à travers le fleuve, Adrien innove en cuisine avec un superbe plat de lasagnes végétariennes que l’on ne pensait jamais pouvoir finir. Finalement, les plats ont été complètement nettoyés.

Retour le lendemain matin après le ménage, mais cette fois ci sur la deuxième grotte rachetée par la FFS, la grotte du Pylône. Là encore, des énormes volumes mais nous sommes ici pour aller voir le creusement qui est réalisé depuis plus de dix ans par les spéléos normands. Et là respect, les gars ont sorti des mètres cubes de glaise, installé des rails au sol pour pouvoir guider des chariots de déblais, étayé les plafond ébouleux. Au fond, un tout petit filet de noir au-dessus d’un remplissage argileux épais de plusieurs mètres et surtout des dizaines de seaux et de bidons remplis d’argile qui attendent la prochaine navette de déblayage. On finit par un petit tour dans la grotte naturelle située au fond. C’est très étroit et on n’aurait pas envie de trimballer un kit pour équiper le puits qui est presque à la fin du réseau.

Une belle surprise et un week-end agréable qui vient contredire le sentiment défavorable que l’on peut avoir sur le désintérêt relatif des sorties en carrière. Ce sera à rééditer.