Grace à l'organisation de Jean-Louis, nous nous retrouvons dans un joli gite avec une toiture en lauzes à proximité de Saint-Pierre-des-Tripiers, avec juste ce qu'il faut de rusticité pour résister à une équipe de spéléo.
Notre première sortie démarre doucement, en cause une arrivée très tardive la veille (la Lozère, c'est loin...). Nous arrivons donc en fin de matinée au Point Sublime (bien nommé grâce à sa vue sur les gorges du Tarn), pour la cavité des Baumes Chaudes. L'objectif est de descendre les quelques puits jusqu'au lac terminal afin de retrouver des mousquetons perdus au fond il y a environ 3 ans (toujours intéressant de voir la vitesse à laquelle le milieu corrode le matériel).
Nous avons sur la marche d'approche le plaisir de croiser une douzaine de jeunes Rennais en classe découverte sortant d'une cavité horizontale à proximité (en spéléo, l'horizontalité est toute relative !). La prochaine génération est en marche ? Nous progressons vers l'entrée par toute une série de très jolis porches, les descentes s’enchaînent correctement, c'est surtout l'occasion de se former et de s'améliorer sur les techniques d'équipements. Moment rare : David fait l'objet de l'escalade d'un joli chiroptère qui l'a certainement confondu avec une concrétion pour sa sieste, avant de se rendre compte de sa méprise et de s'envoler vers un coin plus calme ! Arrivés au fond, les quelques mètres d'eau glacée font naître une relative appréhension à l'idée de chercher au fond les fameux mousquetons. Après quelques minutes de questionnements et de recherches, nous attaquons la remontée sans mettre la main sur ces damnés mousquetons après environ quatre heures passées sous terre.
Pour la sortie du 9 mai, nous choisissons le gouffre des Offraous. La zone est particulièrement riche en gouffres divers et il nous faut une heure pour en trouver l'entrée probable (ce n'est qu'au bout d'une heure de descente que nous sommes certains d'être au bon endroit !), alors que la voiture est garée à moins de 500m... C'est tout le charme de ces anciens descriptifs qui avait les distances et les orientations poétiques ! La cavité est plutôt large à quelques exceptions près, très joliment concrétionnée comme le Causse sait le faire. Le challenge de la sortie posé par Nico est le suivant : attendre le fond sans cordes de plus de 40m et sans mousquetons (sauf déviation, il ne faut pas exagérer non plus). Nous sommes donc partis pour une bonne journée de tricot ! Nous parvenons donc, après moult errements à la cote -165m, fin de la cavité, et ressortons 8h après être entrés.
Pour le 10 mai, il s'agit de préparer la grosse cavité du séjour : la Cheminée. Compte tenu de la profondeur de la cavité (-380m et plusieurs kilomètres de développement), nous attaquons l'équipement dès ce jour avec l'ambition d'atteindre la cote -190m en laissant au fond les kits d'équipements dont nous aurons besoin le lendemain. Le départ est finalement plus tardif que prévu : la préparation des kits nécessaires est longue. Nous attaquons la descente qui commence par une série d'étroitures bien travaillées à l’attendrisseur de roche, c'est du gros et beau boulot. Les puits arrivent rapidement mais s’enchaînent assez laborieusement, l'équipement est plus difficile et moins lisible pour des spéléos en formation. Nous repartons donc au bout de 5 heures, un peu moins loin que prévu mais en y laissant tout le matériel pour le lendemain. Cela devrait bien pouvoir gazer.
Le réveil est mis à 6h45, l'objectif de la journée est ambitieux, d'autant que nous avons été rejoints par Pauline. Manque de bol, Jean-Louis est rattrapé par son passé de concasseur de pierre avec le bras : ses broches rendent la descente déraisonnable. Idem pour Olivier qui ne se sent pas en forme. Cela sera prospection en surface pour eux aujourd'hui, l'occasion de pointer un certain nombre de gouffres des environs. Il ne reste donc plus que Pauline, Nico et David pour descendre et remonter l'équipement... Un copieux petit déjeuné semble nécessaire, d'autant que depuis le début, les repas sous terre sont plutôt frugaux. La descente est rapide, nous atteignons très vite notre point d’arrêt de la veille et nous en profitons pour replanter un spit : celui qui était en place était bien peu engageant. Rapidement, la grotte change passant de trou de mine à grands volumes, avec deux belles séries de puits, et en gagnant à chaque fois en coulées, stalagmites et gours asséchés. Nous arrivons à l'entrée du P40 terminal, à -307m, qui ouvre la voie aux kilomètres de crapahute. Le paysage est superbe, à base de chaos rocheux emprisonnés dans la calcite et de géodes incrustées dans les murs. Reste à attaquer la remontée, le nombre de kits augmentant au fur et à mesure que nous nous rapprochons de l'entrée. Alors que le retour de la veille, sans matériel, s'était passé dans une quasi euphorie, les boulets que nous nous traînons compliquent considérablement la sortie. Par égard pour les services qu'ils nous rendent, nous tairons les noms peu élogieux dont ont été affublés ces malheureux sacs d'équipements. Nous sortons donc ravis après onze heures sous terre et sommes accueillis à point par Jean-Louis et Olivier qui se sont muni d'un kit de secours judicieusement rempli de bonheurs maltés.
L'excellente ambiance, la variété des cavités disponibles et le charme des Grands Causses nous fond prendre rendez-vous pour un séjour ultérieur. Un très très beau moment, nous laissant des souvenirs pleins la tête, comme la spéléo sait nous en procurer.