Nous étions impatients de rejoindre les Arbailles pour poursuivre la première qui nous attendait depuis la Toussaint au fond des Gégènes. Nous savions que nous ne serions pas seuls au cayolar et de fait, nos amis de Limoges, et plus globalement du Sud-Ouest étaient là. Chaude ambiance de retrouvailles, on se serait cru dans un camp d’été à un détail près, la météo était hivernale…
Comme nous n’imaginions pas remonter le P90 du fond sous les trombes d’eau, nous nous sommes déroutés sur les deux entrées prometteuses découvertes cet hiver en zone IH. Une équipe a poursuivi l’élargissement du méandre dans le « bois de cerf » alors qu’une deuxième espérait que le sésame s’ouvrirait rapidement dans le « trou du Bidon ».
Le bidon donne
Il a fallu manier encore longtemps le burin et la masse pour élargir le ressaut. En début d’après midi, je descends enfin les deux mètres qui nous séparent du plancher et j’annonce par avance à Jean-Louis que la suite s’abaisse. Cette trouée étroite est en réalité une fenêtre en partie comblée par nos gravats. Elle s’ouvre sur le vide et 5 minutes suffisent pour la dégager. Derrière, il y a un premier palier, les cailloux tombent plus loin dans ce qui semble être un puits de 15m. C’est du gros, j’annonce la bonne nouvelle en faisant résonner un cri. Jean-Louis et Mathieu G déboulent avec corde et perfo.
Après un nettoyage fastidieux, nous descendons dans un méandre d’une taille importante pour cette altitude élevée. L’amont est moins accessible mais montre de beaux volumes, l’aval est parcouru en opposition sur les banquettes. Suite à une désescalade, le fond du méandre est atteint et aboutit sur un ressaut de 10m dont l’entrée doit être élargie. Ce sera pour demain, on a hâte de raconter cela aux copains devant l’apéro.
On en profite cependant, vu qu’il y a une suite certaine, pour élargir ce p… de passage à 5m de l’entrée avant de sortir rejoindre à l’extérieur la troisième équipe arrivée en mi-journée. Mathieu et Fabrice ont fait un gros ménage pour élargir l’entrée. A l’aide d’un palan ils ont déménagé des rochers instables et font un pari sur le dernier gros bloc : il y a 95% de risque qu’il tombe devant l’entrée. Ils sont joueurs et de fait, la statistique est respectée. Le trou est rebouché !
Serrés à 18 autour de la table, nous savourons le diner préparé par Dédé. Fraternité et convivialité des spéléos, de bons moments.
Il a beaucoup plu, on retourne le lendemain dans nos deux trous. Au bois du cerf Pascal, Pierre et Fabrice s’acharnent sur le méandre prometteur. Jean-Louis, Mathieu G, Thibaut, Mathieu B et moi attaquons la suite du Bidon. Après avoir dézingué le bloc d’entrée, on accède désormais dans la cavité à quatre pattes. Au fond, le ressaut de 10m est ouvert en milieu d’après-midi, le méandre s’élargit devient lisse et plus volumineux avec arrêt devant un nouveau ressaut de 10m. Jean-Louis très emballé, parle d’une « Taupe II ». La météo de la 3ème journée dissuade une bonne partie des équipes et une combi manquante fait que nous ne poursuivons pas l’explo. Le trou est déséquipé, on va aider les forçats dans le Bois du Cerf où il reste 2 mètres pour atteindre un élargissement. Nous rentrons au cayolar sous le grésil, trempés et transis. Les derniers à quitter les Arbailles le feront sous la neige.
Vivement la suite !