Dimanche en falaise.
Nous arrivons au pied de l'escarpement avec pour objectif de travailler les différentes techniques de "réchap" avec l'ensemble des stagiaires en préparation initiateur. Nous commençons par débriefer sur le questionnaire en 20 questions concocté par Alain pour parler un peu théorie. Chacun peut identifier ces forces et points d'améliorations. Place ensuite à la pratique avec le planté de spit présenté par Romain. Nous partons ensuite sur des ateliers très divers allant de l'équipement d'une main courante, l'utilisation du poulie-bloqueur pour la montée et la descente, le balancier espagnol, les inévitables décrochements que chacun pratique à sa façon (croll à croll, pédale crollée et balancier grande longe) avec des résultats hétérogènes, tout cela est un peu rouillé ! Nous finissons par les techniques de réchap., avec le Machard, le black note et le nœud de cœur. Nous arrivons à la conclusion que nous allons redoubler d'attention pour ne pas oublier nos bloqueurs vu le plaisir que représente la remontée avec ces techniques. Nous sommes satisfaits d'avoir commencé le stage avec cette cession technique que nous aurons l'occasion de travailler dans les conditions réelles en fil rouge tout le reste de la semaine.
Lundi à l’igue des Combettes
L’entrée du trou est bien indiquée par un panneau juste au bord du chemin. A peine arrivé, un des stagiaires constate qu'il n'a pris que son casque et ses bottes... Heureusement, Romain a tout en double sauf le baudrier. Qu'à cela ne tienne, il récupère des sangles de levage industrielles au fond de son camion pour se tresser un somptueux baudrier de réchap. C'est de toute beauté ! L'équipement se passe ensuite plutôt aisément, la cavité étant assez lisible sur les verticales du début. Nous arrivons sur la partie plus horizontale de la cavité, qui s'apparente à un petit canyon souterrain. Motivés au début pour ne pas nous mouiller, une série de maladresses et de passages bas nous trempent totalement. C'est donc le bon moment pour planter un spit au tamponnoir, le meilleur remède contre l'hypothermie ! Nous tapons le fond puis attaquons la remontée rapidement, il fait trop froid pour manger sous terre. Au début du P42, Romain est pris d'une défaillance, ce qui oblige à le décrocher (il a dut bien s'amuser avec son bodard de fortune). Nous profitons de la chaleur extérieure pour au choix faire une sieste au soleil ou des exercices sur l'utilisation du Microtraxion.
Mardi à l’igue de Cloup Séguié
Dès la préparation de l'équipement, nous savons que cela va être compliqué : la topo est tout à fait inexploitable et la fiche d'équipement plus que sommaire. Nous prenons donc un large échantillon de matériel en espérant pouvoir toucher le fond. Nous équipons le puits d'entrée en double et nous nous séparons en 2 équipes : l'une part vers le "puits du borgne" au bas duquel nous prendrons notre déjeuner et une autre part vers le plan incliné et la main courante vers le puits terminal. Techniquement, c'est une cavité très variée et intéressante à équiper, dont la lecture est loin d'être aisée. Nous alternons les équipeurs et les techniques jusqu'au fond. Nous profitons de la pause pour mettre en pratique les techniques de réchap à la remontée et à la descente. Christophe est pris d'une série de défaillances nécessitant autant des décrochements. La démonstration est faite que la technique du croll à croll est bien difficile à mettre en application dès qu'il y a un écart de poids significatif entre la "victime" et son "sauveteur" !
Mercredi à l’igue de Picastelle
Après de menus difficultés pour retrouver l'igue, nous attaquons la descente du très joli P60 d'entrée pour arriver sur un premier éboulis. Jean Louis attaque le deuxième puits pendant que le prépa-initiateur restera avec le stagiaire en se perfectionnant à la progression sur corde. La deuxième corde est très glaiseuse se qui provoque un début de panique : difficile de maîtriser sa descente avec un simple mousqueton de frein acier. Nous essayons alors un mousqueton sifflet, offrant une meilleure maîtrise, pour arriver au fond. Le dernier plan incliné est d'ailleurs très joliment concrétionné, mais reste difficile à franchir "avec grâce". Nous sommes surpris de trouver plusieurs amphibiens à -90m (crapaud et grenouille). Comment sont ils arrivés là ? Cela fait une sacré chute... Après un agréable déjeuner et l'utilisation d'un poncho de survie et d'une bougie, nous attaquons la remontée sans difficulté particulière, si ce n'est une défaillance de Jean-Louis qui nécessite un décrochement.
Jeudi à Planagrèze
L'objectif de la sortie est claire : mettre le pied sur la plate-forme du lac. Nous alternons les équipeurs entre l'impressionnant puits d'entrée, le tuyau de poêle jusqu'à la rivière suspendu où nous déjeunons. Mauvaise surprise : un spéléo peu inspiré a posé un énorme étron en tête de puits, à l'endroit ou le passage est le moins large ! C'est un petit miracle que personne ne marche dedans ou que la corde ne frotte pas dessus, dégueu ! Cette partie est néanmoins somptueuse avec ces chaos rocheux parfaitement propre et me laissera un très gros souvenir. Nous arrivons enfin au lac où la plate-forme annoncée a connu des jours meilleurs. Au moindre pas, elle fait des craquements peu engageants... Interdiction de se délonger, il y a au moins 89m d'eau glacée en dessous ! Nous remontons pour constater, arrivés à la surface que la voiture a disparu ! Heureusement, au bout de quelques dizaines de secondes de flottement, nous la retrouvons dans un buisson à une centaine de mètres de là... Renseignements pris, une autre équipe qui savait où les clés étaient cachées est venue à dessein nous faire une bonne blague. La vengeance est un plat qui se mange froid :)
Vendredi à l’igue de la Crouzate
Sur cette sortie, le prépa initiateur se met en position d'encadrant vis à vis d'un autre stagiaire qui démarre l'équipement. Les autres groupes nous ont signalé la présence de blaireaux en entrée de cavité. Pas de trace à notre arrivée. Nous équipons la main courante et le premier puits, c'est l'occasion de se remettre au clair sur les notions fondamentales de changement de direction, amarrages irréprochables et de facteur de chute... Il va falloir réviser ! La progression se passe bien dans cette cavité fossile inhabituellement sèche pour la région, ce qui explique la présence de nombreux chiroptères. Arrivé au fond, nous mettons en oeuvre un grand point chaud avec plusieurs couvertures de survie, on pourrait rester ici des heures, mais il faut remonter... Alain a encore une défaillance à la remontée ce qui implique la mise en oeuvre d'un balancier espagnol. Mais que mangent nos cadres pour avoir besoin d'être secouru à chaque sortie ? :)
Ce stage lotois a encore été un très grand moment de convivialité et de spéléo. Tous les stagiaires ont le sentiment d'avoir énormément progressé par rapport à leur niveau initial. Un grand merci à Jean Louis pour l'organisation, la région pour son support, à tous les encadrants pour leurs investissements, au gîte la Flèche Bleue pour la qualité de son accueil et à tous les participants pour leur bonne humeur !