Après un été pluvieux, ce qui est un doux euphémisme, la douceur automnale du début septembre constituait une provocation à laquelle nous devions répondre. Le patchwork des nombreuses journées d’activités estivales (classiques spéléo, canyons et petites explos) nous avait laissés sur notre faim. Profitant de mon séjour à Ste-Engrâce prévu, Pierre, Arthur et Thibault me rejoignent le 11 Septembre. Deux objectifs principaux : l’exploration des gouffres TH451 et TH4 trouvés cet été par Pierre et Thibault, et dans La Taupe, la poursuite de l’équipement d’une vire permettant l’accès à une lucarne dans le puits des Coquillages.
Dès le lendemain de mon arrivée, je ne peux m’empêcher d’aller équiper « en après première » les deux puits du TH451 avant que mes camarades n’arrivent…
Seul, je dispose de tout mon temps pour repérer le meilleur parcours pour se rendre à la zone TH. Du cayolar, le GPS situe le TH 451 à 1.16 km. Du cayolar Olhatzezarre, prendre le chemin qui mène à la doline de la Charlotte, et monter tout en haut du « pré qui tue ». On passe à côté d’un grand pin, et arrivé en lisière du bois on continue à monter entre un petit bosquet et des arbres morts sur un petit lapiaz pour atteindre une clairière. En haut de la clairière, bifurquer sur la droite (cairn) pour retrouver un chemin à vaches peu marqué au début et qui passe ensuite dans une sorte de défilé. Suivre ce sentier qui débouche dans une grande clairière que l’on traverse vers l’Ouest. Le TH 451, TH4 et TH5 s’ouvrent dans un périmètre de 50 m en lisière de forêt. De grandes barres rocheuses limitent cette zone.
Le mardi est une belle journée ensoleillée à occuper. En 17 ans d’explorations, nous commençons à connaitre le massif des Arbailles ! Mais paradoxalement, je n’ai jamais vu les sources de la Bidouze bien qu’ayant fait à de nombreuses reprises la traversée de la Petite Bidouze. Ce sera l’objectif de la journée. L’accès se fait par St-Just-Ibarre après le Col d’Osquich. Juste avant ce village, il faut prendre une petite route sur 4 km qui mène au lieu dit « Aria » où l’on gare la voiture. La randonnée annoncée pour 7 km (aller). Le chemin monte tranquillement vers la vallée. Il s’est effondré à deux endroits avec les intempéries de l’hiver, du printemps et de l’été, au bord du talus de terre, on aperçoit la Bidouze en contrebas (20m). Au bout d’environ 4 km, un petit pont traverse la rivière vers la rive droite, c’est le début de l’ascension vers la reculée. A 200 m de la source, le chemin est interrompu sur 20 m par un énorme « talweg » apparu certainement récemment après les fortes crues (éboulement du flan de la montagne). Il se poursuit ensuite vers la falaise en rive gauche où l’on aperçoit un gros porche « les sources de la Bidouze ». On le rejoint en enjambant les nombreux troncs et blocs charriés par les crues.
Du 11 au 16 Septembre
Les 1ers jours sont consacrés aux 2 cavités de la zone TH. Le méandre terminal du TH 451 bouché par un conglomérat de blocs et de terre est élargi par le bas pour atteindre la roche mère. Après plusieurs séances de désobstruction au piochon, le fond s’abaisse de plus d’un mètre et le perforateur peut prendre le relais. Nous pouvons passer de la position allongée à la position accroupie, ce qui facilite le perçage. L’élargissement réalisé conforte nos espoirs de suite : les avis convergent pour affirmer que le courant d’air aspirant est devenu plus fort. La mesure de l’azimut (250°) soit une direction WSW semble indiquer que la cavité se dirige plutôt vers les zones NA ou GA et passerait sous la crête. Cela reste à confirmer lorsque le développement de la cavité sera suffisant pour indiquer une direction stable.
Dans le TH 4, le méandre descendu en libre cet été est équipé et la désobstruction de sa partie basse entreprise. Des gros blocs nous empêchent de descendre entre la trémie et la paroi verticale. Plusieurs séances seront nécessaires pour pouvoir se faufiler 2 m plus bas. Pas de doute, le courant d’air est bien là, mais la suite le long de la trémie est difficilement accessible et surtout assez dangereuse ! La topographie de la cavité est faite. Le méandre du fond est orienté Nord-Ouest.
Le « jour du seigneur » est consacré à la poursuite de l’exploration de la cathédrale de La Taupe. Plusieurs « baptêmes » avaient déjà été célébrés cet été avec le passage du Pop'Oc à moins 300 m (Pauline, Nathaniel, Fabrice L, Christophe). Ayant réussi à convaincre Pierre et Arthur, c’est à 4 que nous descendons dans La Taupe à 11 heures du matin. Les puits s’enchaînent, majestueux et, environ 2 heures après, nous voici au départ du mythique « méandre Pop’Oc ». Après une rapide collation, tout le monde passe sans difficulté (et sans équipement) cet obstacle dont la réputation est peut-être exagérée. C’est plus loin, dans la partie du méandre à crans qui mène au Puits des Coquillages que Pierre et Arthur préfèrent rebrousser chemin et nous remonter pour nous attendre au bas du Puits des Papés. Le début du Puits des Coquillages est rééquipé avec la C86, les nœuds en place depuis la dernière descente en Août faciilitent la rapidité de la progression. Thibault est subjugué par la beauté du « paysage », l’échooo…et la profondeur du puits de 122 m qui incitent à l’humilité et au recueillement. Arrivés au niveau de la vire à environ 50 m de la tête de Puits, le perforateur achève le travail commencé cet été. 5 amarrages et 7 mètres plus loin, nous parvenons à la lucarne (2 m de large et 3 m de haut ?). Çà continue ! Mais à part ce cri unanime, Thibault et moi n’avons pas la même « vision ». Ce qui est certain, c’est que le méandre fossile prend une direction perpendiculaire au puits des Coquillages qui conduit à la salle des Laminaks, ce qui est bon signe. Est-ce la prolongation du Pop’Oc qui aurait été percé par le puits des Coquillages ? La suite au prochain épisode.
Il nous reste 15 m de cordes, peu de gougeons, et pour ne pas faire trop attendre nos amis là haut derrière le Pop’Oc nous décidons de remonter pour leur raconter. C’est également une décision prudente, car la météo annonce des orages localisés en fin d’après-midi. Pierre et Arthur ont déjà entrepris la remontée des puits, nous les entendrons plus haut à la base du Puits de La Vie De Château. Tout va bien, nous tenons une suite de La Taupe, il n’y a pas eu d’orage, (l’arrivée d’eau au plafond de la galerie des Oubliettes n’a pas bougé), Arthur a battu avec brio son record de profondeur (aller-retour) et le TPST de 9 heures est tout à fait raisonnable. A suivre à La Toussaint…