Le TDV de Bouzic
Pour ce premier jour du week-end notre destination est le Trou du Vent de Bouzic en Dordogne.
Le TDV a une saveur particulière pour Bertrand qui a grandi en entendant souvent parler de cette cavité car une partie de sa famille vit à Bouzic.
Avant de rentrer dans le trou, nous prenons le temps d’une pause-déjeuner au lavoir qui n’est en réalité que la résurgence de la rivière souterraine du TDV. Pascal et Jean-Louis expliquent la géologie du terrain ainsi que les méthodes de calculs de débit d’eau qu’ils ont réalisés avec de la fluorescéine pendant la formation scientifique de l’EFS en octobre 2021.
Une fois l’équipe sustentée et ivre de nouveaux savoirs, il est temps de se diriger vers l’entrée de la cavité. Le Trou du Vent est fermé par une grille et grâce au réseau des spéléos nous avons pu y avoir accès. Nous nous changeons à l’extérieur et la chaleur nous écrase.
La grille ouverte, Pascal pose deux cordes et les participants à la journée s’enchainent pour descendre dans le puits d’entrée qui ne mesure que 17m plein gaz. Quand tout le monde est arrivé en bas, nous déambulons dans un dédale de galeries. Des possibilités multiples s’offrent alors à nous : en haut, en bas, à gauche et à droite. Tant et si bien que le groupe finit par complètement se disperser sur l’ensemble de la cavité.
En continuant à droite depuis l’entrée nous arrivons sur une rivière souterraine dans un premier temps peu profonde mais très claire. Puis, une belle pente sablonneuse se découvre un peu plus loin, il aura fallu peu de temps à l’équipe pour nommer ce banc de sable : « Bouzic plage ». Les plus érudits du groupe nous expliquent que le sable est caractéristique de la présence d’un siphon, nous ne manquerons pas d’en trouver un peu plus loin.
Et c’est donc sur « Bouzic plage » que ceux qui n’en avaient jusqu’à maintenant pas eu le courage enfilent leur combinaison néoprène pour plonger dans l’eau rafraichissante.
La progression se fait vers l’amont, une voûte mouillante qui se passe en nageant quelques mètres (ou en marchant ça dépend de la taille du spéléo) permet de découvrir une magnifique cascade que Mathieu prendra pour un toboggan (fort peu agréable) et glissera sur les cailloux coupants devant les yeux ébahis de Stéphanie et Adrien qui ne manqueront pas de l’imiter gaiement.
Après la cascade, la rivière se sépare en deux et de chaque côté nous finissons par trouver les deux fameux siphons, celui de droite a été sans nul doute exploré par des plongeurs spéléos comme le prouve la présence d’un fil d’Ariane.
Mention spéciale pour Pascal et Jean-Louis qui ont cherché avec la topo l’aval de la rivière qu’ils ne trouverons pas car leur mémoire de la cavité leur a joué des tours et que cet aval n’est pas pénétrable.
Après ce temps de joyeuses aventures, l’ensemble de l’équipe finit par sortir du trou pour se diriger vers la demeure d’Adrien avec dans l’idée de le « pourrir » devant ses parents mais ce fut un échec pour Olivier car ces derniers étaient trop occupés. La fin de la soirée se termine avec de délicieuses grillades sur la terrasse du grand et agréable gîte que nous avons loué !
Le gouffre des Jonquilles en Corrèze
Derrière ce nom bucolique se cache de prime abord, une bouche d’égout aux milieux des bois bloquée par un vieux tronc d’arbre. Cette entrée originale se trouve être en réalité une buse qui est l’accès de la cavité par un «étroit» passage vertical.
Pascal part en tête pour équiper malgré la présence d’une corde déjà installée. En effet, par respect pour ceux qui l’ont posée mais aussi car nous n’en connaissons pas l’état, il est préférable d’utiliser nos cordes. Par la suite, chaque membre du club descend un par un par ce passage étroit, sous l’œil bienveillant des encadrants. Pour ma part, l’étroiture de la descente me fait craindre une remontée difficile et angoissante, qui me pousse à écouter d’une oreille attentive tous les conseils pour surmonter cette épreuve future : je suis liquide et j’avance lentement sans forcer. c’est noté !
Une fois en bas du puits de 35m, on découvre des parois coupantes et noircies, cette observation nous parait étrange étant donné que ça ne ressemble pas vraiment à des coups de gouge que l’eau aurait pu former à son passage. D’autres éléments dans cette galerie, nous laissent songeurs et c’est la vision d’une roche amoindrie en hauteur et d’une forme erratique qui nous pousse à formuler une hypothèse : ce pourrait-être de la bio-corrosion due à une ancienne colonie de chauves-souris. Nous observons des traces jaunes qui ressemblent à des dépôts phosphatés caractéristiques de la présence de guano, ainsi que des petites niches que la respiration et les déjections acides des chauves-souris creusent avec le temps. Mais ce ne sont que des suppositions car l’eau et la condensation créent aussi parfois des morphologies inattendues sur les parois des galeries. Bref sans analyses poussées il est difficile d’y voir clair. Quoi qu’il en soit les chiroptères sont encore présents dans cette cavité au moins en hiver car lors de notre visite nous avons découvert deux chauves-mortes sur le plancher des galeries. Au plafond nous observons aussi une roche extrêmement lisse formée avec le temps, c’est un chenal de voûte.
Une fois l’ensemble de la troupe réunie, nous partons à la quête de la rivière souterraine qui se fait attendre car la chaleur commence à se faire sentir par certains.
Arrivée au premier gour rempli d’eau, l’équipe se change et des plaintes de devoir enfiler la néoprène se font entendre sous l’œil amusé d’Arnaud et Adrien qui sont déjà changés.Lors de la progression, et au fur et à mesure que nous avançons, de magnifiques concrétions se dessinent, d’abord discrètes, puis de plus en plus dominantes, avec de splendides gours, draperies, colonnes, stalagmites et stalactites. Cependant, peu de concrétions excentriques ou originales sont à recenser ce qui donne l’impression d’une cavité créée par un artiste classique particulièrement soigneux.
Nous nous séparons alors naturellement en trois groupes pour la suite de la progression : Arnaud, Bertrand, Audrey et Adrien étant prêt les premiers, ils partent en tête, suivis de près par un deuxième groupe composé de Pascal, Olivier, Sébastien et Stéphanie, et enfin un dernier groupe composé de Kévin, Gabriel, Pierre et Matthieu. Ludmilla est quant à elle restée en amont et Eugénie pas en forme lisait un bon livre dehors.
En continuant la progression, un bruit sourd se fait entendre, c’est la rivière! Elle se dévoile 1m50 en dessous de nos pieds environ. En contournant une fissure nous arrivons dans le rafraichissant et tumultueux cours d’eau.
La rivière se poursuit sur plusieurs centaines de mètres, et on peut apercevoir des concrétions lissées par l’eau faisant apparaitre les différentes couleurs des couches qui ont fait leur formation. Dû au fort débit d’eau, les roches sont parfois coupantes et il est aisé de tomber et de se faire mal, mais c’est vite oublié grâce à une eau turquoise éblouissante de clarté.
En poursuivant toujours plus loin, le plafond s’abaisse de plus en plus et nous finissons par arriver sur le siphon tant attendu. Bertrand rêve de plonger ! Mais sans bouteille son expédition est compromise…. Ce n’est que partie remise !
Après avoir fait demi-tour, le premier groupe croise le second et l’informe que le fond est à 5min de marche.
En continuant la progression on croise d’abord Matthieu, qui s’était donné le défi de ne pas toucher l’eau mais malgré ses talents d’acrobate semble en bien mauvaise posture sur un rocher glissant, suivi de près par Kévin, Gabriel et Pierre. On les informe que la fin est à 40min de marche et ils décident de continuer jusqu’à rencontrer le deuxième groupe pour rentrer avec eux.
Toujours sur le chemin du retour on croise Ludmilla qui nous attend et se joint à nous pour revenir à la base du puits.
Tout ce petit monde finit par remonter à la surface. Sébastien et Olivier ferment la marche et déséquipent la cavité. L’étroiture que constitue la buse et qui me faisait assez peur se négocie très bien et je finis par me dire que couler comme de l’eau qui avance à petit pas est une très bonne litanie (merci Arnaud et Pascal !).
En rentrant aux voitures une délicieuse pitance nous attend ainsi qu’Eugénie. Chacun se prépare et il est l’heure de rentrer sur Nantes il y a de la route !