Exploration octobre 2021

Pascal
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GA477J’avais décidé égoïstement d’un ambitieux programme d’explo et de topo dans nos cavités de saison avec une équipe de choc sur le massif des Arbailles mais après les traditionnels abandons - tous justifiés - qui ont ponctué la semaine précédant la sortie, nous nous retrouvons à six au départ de la région ligérienne.
Depuis trois ans le nombre de cavités équipées s’allonge au fur et à mesure de nos explorations et mobilise de plus en plus de matériel laissé dans les trous. Il était d’abord logique de commencer le camp par un déséquipement en l’occurrence celui du GA477.

Nous montons donc ce premier jour en haut du massif pour retrouver cette belle et imposante entrée des Gégènes. La marche d’approche est agréable, le soleil automnal allume les hêtres qui commencent à perdre leurs feuilles.

Hélène qui a bien progressé dans les techniques d’équipement installe les cordes dans le puits d’entrée. Après une petite descente rapide à -80, avec Fabrice et Audrey nous partons finir le retrait du matériel dans la partie aval du gouffre, un tas de cordes glaiseuses m’attends à la salle à manger. Elles s’entassent dans un kit. Fabrice et Audrey en remplissent un deuxième en effectuant le déséquipement jusqu’au puits de la Pêche. Pendant ce temps Hélène et Thibaut s’engagent dans le méandre amont que nous avions laissé de côté depuis plusieurs années. Pensant que seules les cordes des escalades étaient en place, ils trainent un kit de matériel pour descendre les petits puits qu’on trouve dans ce réseau.
En réalité tous les obstacles sont équipés si bien que la progression s’avère rapide jusqu’à la partie terminale située à l’aplomb du gouffre des Lumières. J’avais oublié certains détails de la morphologie de la galerie et je trouve plaisant de la visiter pour une dernière fois. J’en profite pour reprendre le dessin de l’habillage d’une partie de la topo. Nous finissons par sortir à la nuit avec un total de six kits pleins. J’ai une pensée nostalgique pour toutes ces sorties d’explo engagées que nous avons menées dans ce gouffre avec les copains depuis douze ou treize ans.

Au cayolar l’ambiance est détendue et joyeuse et pour une fois la bière ne coule pas à flot. L’intendance a été parfaitement planifiée par Audrey, Thibaut et Hélène qui nous mijotent des petits plats.

Topo GA477Nous devions faire une descente dans la Taupe jusqu’à -630 pour aller relever les capteurs d’uranine après l'injection du début aout. Mais divers avatars vont en décider autrement : après prise de renseignements j’ai appris que les capteurs au charbon doivent rester maximum deux mois dans l’eau pour en tirer des informations fiables et cela fait trois mois qu’ils baignent ; la sortie de la veille a été plus éprouvante que prévue ; nous ne sommes plus que deux à nous engager pour cette longue sortie et le programme du camp est déjà chargé. La motivation pour cette descente s’amoindrit au fil des discussions. Thomas qui s'était investi dans la pose des capteurs va être déçu mais on le sait : quand la motivation n’y est pas, c’est naturellement qu’on trouve des arguments plus ou moins convaincants pour se prouver qu’on a raison de penser ce qu’on pense.

Le lendemain, Audrey, Fabrice et moi allons nous engager dans le gouffre Etchar. La dernière topo datant de 1987 avait été faite par l’ESA avec les instruments de cette époque et il devenait urgent de la réviser pour y voir plus clair. Nous avions d’ailleurs découvert avec Roger un nouveau puits, non topographié, il y a une quinzaine d’années après un passage dans une étroite fente au fond du gouffre. Pendant ce temps Thibaut et Hélène passeront la journée dans la Taupe pour aller déséquiper le puits de la Gouttière (P80) où on avait prévu une désob mais qui finalement ne se fera pas, en tout cas pas maintenant.

Fabrice équipe le puits d’entrée d’Etchar et j’engage la topographie au DistoX avec Audrey. Les mesures se suivent dans les puits et les salles de ce gouffre agréable. Beaux puits, peu d’argile, salles de dimensions respectables. Nous arrivons tranquillement à la partie basse de la cavité qui se resserre au niveau d’un méandre comblé par des éboulis. Nous sommes dans le faciès urgonien du crétacé inférieur reconnaissable par ses nombreux fossiles de Toucasias. C’est à partir de cet endroit que Valérie et David ont trouvé une suite après une courte escalade qu’ils ont laissé équipée. Nous remontons pour avoir le temps de décharger les données accumulées.

Après un export de la topo et une mise en ligne du fichier kml sur un fond de carte dans Karsteau - vive l’informatique - pas de surprise : la cavité suit la direction générale de fracturation et le pendage du massif, elle se dirige vers l’ESE comme la majeure partie des réseaux des Arbailles. Dénivelé : -170 m, développement topographié 270m. Olivier, resté au camp car handicapé par une vilaine lombalgie a préparé le matériel nécessaire aux désobs des jours suivants. Patates et Mont d’Or fondu au menu du soir, il faut bien se requinquer.

Les deux jours suivants vont se ressembler, chaque équipe ayant décidé de mener son incursion dans son trou préféré.

Le lendemain Thomas et David nous rejoignent et vont se faire un plan à trois avec Fabrice dans le Bidon : le but est de poursuivre la topo et de continuer l’explo dans ce trou qui semble ne plus s’arrêter. Pendant ce temps je pars avec Thibaut poursuivre la désob dans le Bois de Cerf, le méandre à -140 s’élargit et il faudra poursuivre le lendemain. Audrey et Olivier descendent dans Etchar pour  élargir les passages qui restent étroits, ce qui facilitera les explos futures.

Après ces explos/désobs les résultats sont très encourageants. Le Bidon a dépassé le kilomètre de développement et a atteint -290m. Il se poursuit dans de belles salles en suivant l’actif et semble se diriger tout droit vers la partie terminale de l’Ex25. Le Bois de Cerf s’agrandit et on espère un futur puits.