Canyon d’hiver "printanier" dans le Pays Basque

Charlotte
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Canyons du Pays BasqueLors de notre dernière session canyoning à la Toussaint, Christophe et moi avions pu tester notre combinaison étanche en prévision d’un futur week-end canyon hivernal. Novembre et ses forts cumuls de neige nous laissait apercevoir de belles perspectives d’un hiver 2020 rigoureux et généreux en froid, neige et glace. C’est ainsi plein d’espoir et d’enthousiasme que nous avons arrêté le dernier week-end de Février pour descendre du côté de Gavarnie. De deux archi-motivés, notre binôme devait être complété par Cyrille et Arnaud du club de Rennes.

Mais passé décembre, puis janvier, notre enthousiasme n’a fait que décroitre à la vue de la fonte inéluctable de la neige tombée en novembre… Notre perspective de faire du canyon dans de vraies conditions hivernales a été réduite à néant lorsque des températures record ont été relevées dans toute la chaine pyrénéenne. Un tout petit 27 degrés à Biarritz début février, des images de Gavarnie sous une si fine couche de neige que l’on se croit au début du printemps. Cette fois c’est clair, soit on renonce, soit on maintient mais il faut s’attendre seulement à de la descente en eau froide. Et quelle meilleure destination que le Pays Basque lorsqu’on cherche un point de repli quand tout va mal ?! Les photos des débits d’eau dignes d’un mois de juillet nous sont remontées par les canyoneurs du coin -Espagnols ou Français- le week-end précédent notre venue. Eau froide ou peut-être pas d’eau du tout mais qu’à cela ne tienne nous partirons quand même ! C’est finalement à trois que nous prenons la route jeudi soir, Cyrille ayant dû renoncer. Nous arrivons tard, le temps d’allumer un feu et boire une bière nous partons nous coucher. Au programme de ce vendredi matin un temps radieux et des températures printanières. Pas de neige à l’horizon mais ça, nous ne la cherchons plus ! Nous devons rejoindre au parking de Kakuetta, Yohan venu d’Orthez pour partager avec nous le canyon du jour. Il nous informe que de forts cumuls de pluie sont tombés les jours précédents et que les canyons du secteur ont dû être rechargés. A voir l’eau qui se déverse dans le lac à la sortie d’Oilloki, nous n’en doutions pas ! Nous décidons de partir sur Althagneta. Yohan ne l’a jamais fait, Arnaud il y a fort longtemps, Christophe et moi pas depuis 2018, nos souvenirs ne sont donc pas très frais. Nous arrivons au parking amont, nous nous changeons puis nous nous dirigeons vers le départ. L’eau qui coule sur les dalles, la première cascade qui nous donne un avant-goût du débit et la température de l’eau glaciale nous posent des questions. Je me souviens d’une partie très encaissée, d’une vasque suspendue et surtout d’une longue marche chaotique dans le collecteur faute de n’avoir jamais réussi à trouver le sentier parallèle. Bref, je décide de poser mon veto d’autant plus à la vue de Yohan dans sa combinaison néoprène…Faux départ mais ce n’est pas grave Errekaltia, à côté, est là pour nous sauver et il faut dire qu’il était en chouette forme ce jour-là. Un débit correct qui le rend bien plus intéressant que lors de notre dernier passage cet été. Nous avançons avec fluidité malgré les quelques passages foireux dus au mauvais ou manque d’équipement et nous arrivons vite à la grande cascade. Christophe part devant et nous fait passer un à un. C’est toujours un réel plaisir de descendre cette cascade, la vue y est si belle et la gerbe d’eau ce jour-là vient nous arroser légèrement les épaules. Le temps de reprendre un peu de calories et c’est reparti pour l’assaut final. Nous débouchons dans des gorges vides de touristes, l’occasion de profiter pleinement de ce lieu si magique. A la sortie le portail est ouvert mais malheureusement pas notre cher bar des Cascades. Il faudra attendre notre prochaine venue pour retrouver nos habitudes. Nous filons rapidement vers Tardets clôturer le canyon du jour au bar des Arcades. Sur la terrasse, au soleil sous de douces températures, on oublie vite que nous ne sommes qu’en février. Nous en profitons au maximum et c’est seulement en début de soirée que nous rentrons à Sainte-Engrâce.

Samedi, un temps plutôt incertain nous accompagne depuis notre réveil. Nous décidons de partir vers Oilloki en faisant la marche d’approche depuis le parking de Kakuetta. Mais face au crachin qui commence à tomber et aux rafales de vent qui soufflent par moment notre motivation en prend un coup. Nous prenons notre courage à deux mains, enlevons nos doudounes et polaires (sauf Christophe bien sûr) et partons en direction de la maison tout là-haut de l’autre côté de la rive. Nous serons vite réchauffés et cette marche fut à la finale plaisante en tous points ! Nous entamons la descente et le premier tiers passé nous avons la désagréable surprise de constater que les pertes ont eu raison du peu d’eau présent dans le canyon. Le reste de notre descente n’était donc pas une partie de plaisir. Entre les longues marches dans les blocs, les vasques peu engageantes et la combinaison étanche, nous avions hâte d’en finir et d’arriver dans le collecteur. Collecteur anormalement sec et verdâtre en raison d’algues proliférant de ci, de là dans le cours d’eau. Ce n’est pas aujourd’hui que nous verrons la méduse ! A la sortie, là ou hier le collecteur se déversait avec force dans le lac, aujourd’hui plus rien !! Au retour, nous prenons la peine d’aller chercher un bar d’ouvert dans le secteur mais pas d’aller vérifier le niveau d’Harzubia, le connaissant déjà d’avance.

Jean-Louis, de retour du cayolar nous rejoint pour le diner et la nuit. Il revient avec de bonnes nouvelles de notre petite habitation rustique qui a retrouvé un toit et un dortoir tous neufs !

Dimanche, c’est déjà le jour du départ et qui dit départ dans le Pays Basque dit Petite Bidouze ! Les traditions au SCSH ont la vie dure... Il fait un soleil radieux, ce sera en plus l’occasion de rentrer par la route des corniches dont la vue grandiose nous éblouit à chaque passage. Au-delà de ce programme qui nous réjouit Christophe et moi, pour Arnaud il sera riche de belles découvertes. Il n’est pas à l’aise dans le monde souterrain mais la petit Bidouze, nous l’espérons, lui fera dépasser ses craintes. Nous arrivons rapidement dans la forêt des Arbailles et nous nous changeons directement. Le temps de retrouver l’entrée et nous voilà déjà à ramper les quelques mètres qui nous amènent aux premiers ressauts. Arnaud s’arrête, réfléchit, hésite puis décide de renoncer avant qu’il ne soit trop tard. Nous continuons donc tous les deux Christophe et moi, enchainant les rappels arrosés pour déboucher 45 min plus tard au porche de sortie. Nous retrouvons Arnaud en train de déguster un morceau de camembert mayennais… un comble pour ce Normand pur beurre (mais attention demi-sel !).

C’est ainsi que s’achève notre week-end canyon « hivernal » par la route des corniches qui nous aura ravi comme prévu.