Rassemblement International Canyon Açores 2016

Simon, Jorge
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RIC 2016Cette année le RIC avait lieu aux Açores sur l’île de Flores du 17 au 24 septembre 2016. Les Açores sont un archipel portugais, composés de 9 îles, perdu au milieu de l’Océan Atlantique (sur la dorsale volcanique médio-atlantique) entre le Portugal et les Etats-Unis. Nous étions deux représentants du SCSH au RIC : Simon et Jorge, et nous rejoignions sur place quatre copains de mon ancien club. Au total 245 canyonistes venus de beaucoup de pays et continents. Les portugais représentaient le plus gros contingent, avec une petite centaine de participants, qui montre à quel point cette activité a pris beaucoup d’importance sportive et économique tant aux Açores et à Madère qu’au Portugal continental. Il y avait aussi une vingtaine d’Etats-Uniens, une quarantaine de Français, pas mal d’Espagnols, quelques allemands, italiens, un Australien, une Japonaise, une Grecque, et d'autres encore.

Mais d’abord, petit retour en arrière car nous avons bien failli ne jamais y arriver à ce RIC … Vendredi 16 septembre, Simon et moi embarquons à l’aéroport de Nantes. Nous devions arriver à 13h20 à Lisbonne pour prendre notre correspondance à 15h pour l’île de Faial (Açores) pour passer la soirée ensemble avec nos amis parisiens, avant d’embarquer le lendemain matin pour Flores. Sauf que notre avion nantais a pris du retard, et que nous devons récupérer nos bagages à Lisbonne pour les ré-enregistrer car ce ne sont pas les mêmes compagnies aériennes ! Bilan : nous ratons notre correspondance car le check-in a déjà fermé, 40 minutes avant le décollage de l’avion. Emotions … La correspondante de la SATA (compagnie açorienne) qui est adorable, se décarcasse pendant 30 minutes pour nous trouver une solution, car il n’y a plus aucune place dans les vols suivants (complets à cause du RIC) ; et une solution qui soit financièrement acceptable car notre code promotionnel n’est valable que sur le vol déjà payé, nous dit-elle calmement … et un autre vol nous coûterait la peau du c... + un hôtel de dernière minute à Lisbonne !  Palpitations … Finalement elle nous trouve un vol dans l’après-midi pour l’ile de São Miguel avec des avions différents pour chacun d’entre nous pour aller à Flores le lendemain pour 5€ de plus seulement. Transpirations … Plus un hôtel supplémentaire à trouver là-bas pour cette nuit : merci à la base arrière restée à Caen pour son aide,
Après notre enregistrement nous décidons avec Simon de revenir offrir un coup à boire à la jeune dame de la SATA pour la remercier de tous ses efforts mais malheureusement elle n’était plus là.

Après une petite soirée plutôt sympa à Ponta Delgada, ville importante des Açores, le rythme cool et lent de la ville ce vendredi soir – comme souvent dans les îles lointaines - nous rappelle que nous sommes sur un archipel loin de tout, et que ceci explique cela. La douceur de l’air et de l’océan nous le rappelle aussi. Rien n’est cher : ni le taxi, ni le bus, ni l’hôtel, ni le repas en terrasse de brasserie en plein centre-ville. Le lendemain Simon se lève aux aurores pour prendre son avion, et le mien sera seulement dans l’après-midi. A Lisbonne nous avions déjà vus pas mal de kits sherpas canyon sur le tapis roulant, mais là on ne voit plus que ça à l’embarquement pour la destination Flores. Nous y arrivons finalement : les copains nous récupèrent, on monte dans leur voiture, on fait le tour de l’aéroport (au sens propre) et nous voilà rendu en 5min à notre hôtel (très sympa), situé entre l’aéroport et le bord de mer. La première soirée, prise de connaissance avec l’organisation du RIC en assemblée générale, pour avoir toutes les infos : logistique, topos, groupes canyon, météo. En fait il y a des canyons faciles d’accès de toutes difficultés partout sur cette petite île volcanique très verte et luxuriante. Après ces deux jours de voyage en préambule, place à l’action maintenant.

Le premier jour de canyon : le dimanche on se lève la tête dans le brouillard (au sens propre, même si le ti-punch de la veille n’aide pas non plus) et sous une pluie battante. On part pour le canyon Funda da Ponta Ruiva. Ce sera un entraînement à l’habillage et au déshabillage sous la pluie. Le débit du canyon est fort, nous nous engageons tout de même, nous sommes motivés mais dès la première cascade, le bas de celle-ci nous laisse dubitatif sur la suite, surtout qu’un affluent juste en bas vient doubler le débit ! La suite du canyon est-elle très engagée ? Nous préférons renoncer. Un peu de glandouille à l’hôtel et l’après-midi nous choisissons le canyon Fazenda à côté de l’hôtel : nouvel habillage mais Jorge qui a renoncé à cette nouvelle tentative, constate du haut du pont une soudaine montée des eaux qu’il n’y avait pas 5 minutes avant ! Guy et Gilles descendent voir, estiment encore jouable mais constatent que le niveau continue de monter. En fait le barrage amont déborde sous l’effet des précipitations de ces derniers jours et le bassin versant du canyon est très important. Mieux vaut renoncer pour aujourd’hui.
Par curiosité nous descendons sur la piste vers l’aval pour voir la cascade de 20m : elle fait froid dans le dos. En interrogeant les locaux des Açores, nous apprenons que les prévisions météo ne sont absolument pas fiables sur Flores, en dehors des mois de juillet-août qui assurent l’anticyclone très connu des Açores et que tous les jours nous passons par les trois saisons en alternance : soleil, brouillard et pluie ; ce que nous confirmons. Heureusement que les températures (air et mer) sont très clémentes. Ce régime pluvial offre l’avantage – comme souvent dans les îles - d’avoir toujours de l’eau dans les canyons, mais attention aux crues soudaines … Flores a une côte au vent et une côte sous le vent : il suffit le matin de regarder de quel côté est le brouillard et d’aller canyoner de l’autre côté de l’île (et tous les jours ça change).
Le soir, place à la présentation de la semaine accompagnée d’images exceptionnelles et au Cocktail de bienvenue toujours aussi copieux et qui fait aussi repas. Voir sur https://www.youtube.com/watch?v=xzw-mv4vZwc

RIC 2016Le deuxième jour : nous sommes prévus au canyon de Barrosas avec un retour par la mer en bateau pneumatique. Cette fois, c’est la bonne : le canyon est très sympa, bien que parfois dans le brouillard, l’équipe s’amuse bien. Simon, qui n’a fait qu’un week-end canyon dans sa vie, s’éclate, malheureusement ma caméra ne marchera pas de toute la semaine, heureusement que Simon a la sienne. L’arrivée dans la mer bleue est magnifique avec ces falaises et le soleil, et elle se fait en fil d’araignée depuis 20m de haut (il y en a même qui sautent). Il y a un peu de houle (1m) qui n’a l’air de gêner personne sauf moi qui me retrouve bloqué à la nage entre cascade et falaise à 3m, car la houle me ramène systématiquement vers celle-ci, et après quelques minutes je finis par demander une aussière que Marc m’enverra : je le remercie encore mais cela ne m’empêchera pas de rigoler à voir son mal de mer sur le bateau. A chacun son manque d’aise. Le retour en mer est digne des expeditions à la télé : à fond la gomme, les embruns plein la tronche, ça dure longtemps, c’est bruyant, et Carlos prend un malin plaisir et à voir nos têtes quand il passe à fond entre les écueils visibles, ou invisibles : on adore. Le soir, présentations du Parc Naturel de l'île de Flores (Il n’y a pas que des canyons).

Troisième jour : nous enchaînons sur Ilhéus médian et Ilhéus inf, avec sortie de retour par le chemin car la mer est démontée aujourd’hui (ce jour-là à Barrosas, la houle était de 3m et ils ont lancé la bouée à pratiquement tout le monde pour les tirer). La cascade de 40m avec ses orgues basaltiques est une merveille ainsi que les encaissements de la partie inférieure. Une belle journée de canyon. Le soir, présentation du futur RIC 2017 sur l’Ile de la Réunion par le président, grand spécialiste du franglais. Voir sur https://youtu.be/ViV7YmPpL3c

Quatrième jour : le matin est pluvieux mais nous sommes prévus à Alquevins, avec sortie du canyon en zodiaque. Le canyon est super, il est dommage que le brouillard soit un peu présent. Le bateau arrivera avec un peu de retard accompagné du soleil pour une fin majestueuse : nous l’attendons avant d’entamer la dernière cascade tronçonnée 3 fois (dont la pseudo-main-courante), et nous avons raison d’attendre en haut car les 2 relais ne sont pas confortables pour une longue attente sous les gros embruns de la cascade. Les canyons de Flores sont équipés en sécurité mais au strict minima, et donc cela manque de points supplémentaires pour accrocher le kit-boule, l’arrivée de main-courante ou encore se longer en confort ; et lorsque tout le monde n’est pas complètement autonome et que les pieds sont dans le vide, c’est parfois du vrai sport avec seulement 2 points d’amarrages non reliés  pour faire passer ses co-équipiers, débrayer, et tout le tra-la-la: alors ça peste, mais on finit par y arriver. Lorsqu’en plus dans cette cascade finale on se prend les embruns en continu … ça met de l’ambiance. Bref, cette descente de 57m est superbe, contre paroi jusqu’à la mer sans pouvoir relever la tête. On commence par la main courante du haut qui finalement aurait due être descendue sur descendeur, puis le 1er relais : Simon et moi. Je peste car pas confort + embruns + sécurité à assurer + rappel de la corde du haut + les pieds dans le vide + débrayage partout car ça frotte sur de la roche coupante (basaltes). Puis je descends au dernier relais, fait un coucou à Guy qui est là sous les embruns depuis longtemps et qui ne peut même pas relever la tête, mais il a le sourire. Dernier tronçon : Simon est passé le premier, Gilles en 2ème ; on ne le voit pas du relais. J’attends de le voir sur le zodiaque, puis dernières consignes avec Guy pour le rappel de la corde et je me lance à mon tour. Tranquillement je descends et comme je ne veux pas me retrouver dans la même situation en mer que la dernière fois, je décide pour m’écarter, de me lancer en arrière en lâchant la corde à 3m au-dessus de l’eau, là où la paroi recule et la corde frotte une dernière fois contre la roche. Je saute en arrière et j’ai l’impression affreuse pendant une demi-seconde, d’avoir vu passer devant mes yeux une grosse tonche sur la corde pendant que j’étais dans le vide ! J’arrive en bas, plutôt rassuré maintenant par la faible houle, mais pas du tout rassuré par ce que je viens de voir ! La corde a tenu à mon passage, sinon heureusement qu’il n’y avait que 3 m de hauteur …
Cette fois-ci il faut des abdos pour monter sur le zodiaque (pas d’échelle), je monte puis regarde la corde pour voir si j’ai rêvé … mais non ! C’est une vraie tonche ! Simon ou Gilles a dû faire frotter la corde de tout son poids contre la roche, sans même s’en apercevoir … c’est un métier la descente de canyon. Finalement Guy arrive au-dessus de la tonche, on le prévient, il décide de faire un couper de corde in-situ plutôt que sur le bateau, on attend tous le moment fatidique, le sourire aux lèvres, et plouf … même pas eu le temps de fermer la bouche le Guy. Comme quoi le couteau en canyon ça ne sert pas qu’à couper le fromage.
Le soir : c’est le dîner du RIC avec ses festivités, ses excès culinaires et liquides qui l’accompagnent toujours (je préfère ces liquides à la houle salée), dans une immense ambiance de fête ultra-bruyante à la portugaise (et avec musiques traditionnelles qui donnent envie de se suicider).

Cinquième jour : nous optons pour Esguilhao avec pour option Funda P. Ruiva manqué le premier jour et qui est la partie inf de Esguilhao. L’idée d’aujourd’hui étant de profiter des nombreux cassés pour former Simon à l’équipement. Mais l’inconfort de certains départs de cascade (à moins que ce ne soit moi qui soit trop petit ?) fait qu’il n’en équipera que 3, mais c’est toujours cela de pris. Le soleil revenu a rendu ce petit canyon fort agréable et nous en resterons là pour aujourd’hui... nous pourrons ainsi aller visiter l’île et ses caldeiras, et prendre un bain en mer à l’hôtel (en tout cas pour les amateurs d’eau salée).

Sixième jour : la pluie est de retour et décourage une partie de l’équipe qui doit reprendre l’avion le lendemain avec des affaires sèches !!! En effet dans ce genre d’expédition les bagages avion sont toujours pleins à la limite, et les neoprènes mouillées peuvent vite faire dépasser de 2 ou 3kg : et le surcoût est juste prohibitif ... un tour à la piscine naturelle tout de même pour aujourd’hui et le soir : dîner et fête avec la musique et les résultats des concours photo et vidéo. C’est aussi un grand moment d’échange et de complicité entre tous les fidèles de cet événement annuel qu’est le RIC. Hervé en a profité pour prendre la guitare et le micro au moment où le bar arrêtait le groupe de musique et s’apprêtait fermer : il nous a joué tout son récital pendant près d’une heure devant tous les canyonistes, heureux et émêchés par les caïpirinhas … C’est aussi ça le RIC.

Septième jour : il nous faut repartir, rentrer à la maison ! c’est toujours une drôle de sensation que d’être « à l’autre bout du monde » pour canyoner, en oubliant tout ce qui se passe dans le reste du monde, et de devoir revenir à la réalité… On se dit à la revoyure avec pleins de copains de tous pays.  Un premier avion nous amène à Horta et on s’aperçoit qu’on retrouve plusieurs des copains l’avion. Un deuxième avion nous emmène ensuite à Lisbonne et on s’aperçoit qu’il y a encore d’autres copains. Arrivés en fin de soirée à l’hôtel avec une chambre et une douche qui ne méritent vraiment pas le tarif, puis lever à 5h30 du matin pour marcher avec les bagages jusqu’à l’aéroport. Nous y retrouvons nos copains toulousains en train de dormir sur les banquettes ou à même le sol (leur avion est arrivé à 3h du matin, en retard). Nous retrouvons quelques espagnols, allemands, bref, ça continue… Puis le décollage pour Nantes, et les retrouvailles familiales, et d’un seul coup toute la semaine écoulée est déplacée dans notre tête vers le tiroir des souvenirs : retour à la réalité .

Il reste tant de canyons à y faire, dommage que cela soit si loin … Nous ne pouvons que remercier toute l’équipe de bénévoles qui se sont beaucoup donnés pour organiser et gérer cet événement d’un peu moins de 250 participants venus de 8 pays (de quoi bosser les langues) : quelle efficacité et quelle gentillesse. Bravos à tous. Deux secours ont été déclenchés pendant le RIC et là aussi  nous pouvons féliciter les équipes « secours canyon » du RIC pour leur remarquables compétences : ils ont été bien formés par l’Ecole Française de Canyon.  Les 2 victimes françaises, Fred et Jean-Claude, n’ont  jamais été en danger, et vont bien maintenant. Merci à Mauricette pour toutes ces navettes qu’elle a bien voulu nous faire, et pour nous avoir supporter.

L’hébergement dans les 3 hôtels proposés était de grande qualité et d’un coût modeste, surtout les repas et les délicieuses spécialités locales (les poissons) pour environs 15 €. La convivialité habituelle fut optimale et rien que pour cela : on reviendra. Il y a bien sûr moultes images sur les réseaux sociaux bien plus funs que ce compte-rendu, mais nous espérons simplement vous avoir donné un peu envie pour l’année prochaine …

Nos pensées vont déjà vers l’Ile de la Réunion : vive le RIC 2017 à venir !