Spéléo en Haute Saône

Jean-Louis Thomaré
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NeuvonLa réputation des sorties en Haute-Saône chez la Maman de Pierre a  dépassé depuis longtemps le domaine de la spéléologie tant la qualité de l’accueil et le raffinement de la gastronomie locale y sont appréciés. Les candidats retenus sont donc soumis a une sélection sévère ! Thibault, Fabrice et moi sont les heureux élus de cette troisième session. Pierre nous a préparé un programme de choix pour ces trois jours dans la région de son enfance.

Le Samedi 1er Mai, c’est la visite de la Grotte du Neuvon (20km de réseau fossile) au sud de Dijon qui est prévue. Le propriétaire du terrain sur lequel l’entrée artificielle a été creusée pendant près de dix ans nous attend depuis 10 heures du matin alors que nous avions prévu un rendez-vous à 14 heures avec l’un des principaux explorateurs du réseau !

Pendant que nous nous équipons, il nous raconte l’épopée des travaux de désobstruction et la chaude ambiance des soirées de ces dures journées de labeur. En descendant les 80 mètres de puits, nous nous rendons compte de l’ampleur de la tâche. La première partie, succession de petits puits, est taillée comme des marches. Avec ton petit perforateur et tes mèches de 40 cm, Pascal, tu ressembles à un gamin jouant avec sa perceuse en plastique ! Ici tout est taillé avec des mèches de 2,50 m de long et de 4 cm de diamètre.

La configuration des puits rend l’équipement surprenant et inhabituel. Thibault s’y attèle, et vers 15 heures, nous débouchons dans la « cathédrale » après une dernière descente de 20 mètres environ. La dimension de la galerie est comparable à celle que l’on trouve dans le réseau Trombe. Vers quel côté aller ? Pierre sort les 15 feuillets de copies que nous étalons sur le sol pour visualiser notre parcours. Sans boussole, nous partons forcément dans la mauvaise direction vers le terminus 1977, atteint post-siphon avant la percée de la nouvelle entrée. Ces 300m nous donnent cependant un aperçu des magnifiques galeries concrétionnées que nous allons rencontrer.

Repartis dans la bonne direction, nous atteignons la  Salle Putch au bout de 3 heures de progression (depuis le départ des puits). Il est déjà 18 heures. Pierre fait un rapide calcul : 18h + 3h de sortie +1h de  retour, nous n’arriverons pas avant 22 heures minimum à Framont chez Maman. Considérant qu’il ne serait pas convenable d’arriver à cette heure indue lorsqu’on est invité, j’accélère discrètement le pas du retour, et nous nous retrouvons au pied des puits en moins d’une heure. La remontée des puits sera également plus rapide. Nous avons parcouru à peine 5 km des 20 km que compte le réseau.

C’est finalement à 21 heures que nous commençons à festoyer : apéritif local, pâté maison, rôti de bœuf fondant dans la bouche et tarte aux pommes, le tout arrosé de vin jaune.

ChalandChalandLe lendemain, nous visitons la rivière souterraine du Chaland (ou Grotte du Deujeau) à Arbecey. Une dizaine de voitures sont garées sur le chemin qui borde l’accès à l’entrée, cela s’annonce mal !
Nous décidons malgré tout de descendre, car il n’y a aucun problème pour se croiser et le puits des Petites Chailles n’est pas long. La rivière d’accès au collecteur principal est déjà d’une belle dimension et ce dernier est vraiment magnifique. Avec la météo déplorable, le niveau de l’eau est très haut, proche de la crue. Le retour à contre-courant sera sportif. Nous rencontrons une partie de l’équipe de vingt-cinq spéléos qui sont déjà dans la cavité (inter-club Rhône-Alpes). Après 1 km de rivière pleine de « crocodiles » nous arrivons à la galerie semi-fossile du Bar-Tabac. Large et très concrétionnée, la progression se fait malheureusement dans le fond de la galerie, dans de la boue plus ou moins liquide qui ralentit considérablement le rythme. Nous nous arrêterons avant le laminoir après 1,5 km de glissades et d’escalades de montagnes russes.

Sortis de bonne heure pour déguster les mets du repas de gala que nous a préparé la Maman de Pierre, nous rentrons vers 19h30 à FRAMONT. (Misère, je ne me souviens pas non plus du menu , c'est lamentable !)

Le lendemain, jour de départ, nous allons voir une résurgence proche de Framont. Celle-ci  coule seulement une ou deux fois par an et ce jour là elle dégueule ! Le lavage du matériel se fera à l’abri dans un superbe lavoir du XVIIIème siècle. Le sous-sol de cette région vallonnée où ne coule aucune rivière en surface nous a vraiment surpris. Sous ce karst couvert et ses trois mètres de loess (dépôts sédimentaires transportés par les vents à l’époque périglaciaire) se cachent des réseaux magnifiques.

Merci Pierre de nous avoir fait découvrir avec passion ces merveilles.