Prospection dans les Arbailles mars 2023

Pascal
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GrotteCe week-end prolongé était inscrit au calendrier du club depuis deux mois. Surement un choix de dates prémonitoires car la neige tombée les jours précédents allait permettre la découverte de nouvelles entrées.

Le vendredi après-midi je m’engage dans la forêt enneigée vers le trou du Fakir dont la désobstruction est maintenant abandonnée. Au fond une fine couche de neige y persiste prouvant que cette cavité n’est pas ventilée. Ce n’est pas le cas d’un autre trou situé à une quarantaine de mètres qui présente une ouverture avec une périphérie déneigée attestant d’une circulation d’air plus chaud venu des tréfonds. Photos et pointage au GPS. Je ne m’attarde pas, le froid se fait vif, Fabrice et Sébastien doivent arriver en début de soirée. Les retrouvailles se font devant un poêle bien chargé, avec des bières à la température du cayolar avant chauffage c'est-à-dire très  froides.

Le lendemain retour tous les trois sur le terrain, pour poursuivre les recherches de potentielles entrées déneigées toujours dans l’espoir d’un accès plus rapide au réseau du Bidon. Sébastien en trouve une rapidement, elle est déjà cairnée mais impénétrable. Je la pointe. Nous repassons devant la petite grotte remplie de feuilles que nous connaissons déjà et qui nous donne des idées de bivouac puis devant deux trous déjà connus qui sont aussi déneigés.
Décalés chacun d’une vingtaine de mètres nous poursuivons notre prospection en descendant vers la zone RE. En haut d’un escarpement de quelques mètres dans une pente prononcée Fabrice découvre une entrée bien déneigée. Nous enlevons quelques pierres pour observer plus en détail un puits de deux mètres, il faudra revenir pour le descendre. En continuant notre pérégrination vers le chemin de randonnée nous (re)découvrons un petit gouffre  (probablement le RE 9) que Fabrice s’empresse de descendre : un petit puits de 3,5 m suivi d’une petite salle sans suite. Rien d’intéressant.
Arrêt sur le chemin pour se restaurer au soleil et retour au cayolar en milieu d’après-midi, ce qui nous laisse le temps de débiter un stock de bois suffisant pour alimenter le poêle pendant deux ou trois jours. Du moins c’est ce qu’on croyait.

D’un commun accord, nous décidons pour les deux jours suivants de désobstruer les trois premiers trous découverts la veille. Dans nos sacs : piochon, pelle, masse, burin, seaux, perforateur, corde, baudriers et j’en passe : les outils des parfaits désobstrueurs.
IH 470Dès le matin on attaque la première entrée trouvée la veille. Dégagement de feuilles, de terre et de cailloux, puis  élargissement de l’entrée avec la méthode traditionnelle. Ce travail nous donne accès à un puits de cinq à six mètres de profondeur. Les baudriers resteront dans les sacs, nous pouvons descendre en désescalade. Puis vient, du fond du puits, une incessante extraction de terre, cailloux et de vielles concrétions délitées, à l’aide de seaux. Ce va et vient nous tiendra jusqu’à la fin de la journée. En bas du puits apparait une ouverture ainsi qu’un passage étroit derrière une grosse lame de concrétion. J’essaye de pister les courants d’air avec la fumée d’un papier d’Arménie mais rien n’y fait : la différence de température entre l’intérieur de la cavité et l’extérieur qui s’est radoucit ne permet pas de conclure. Pendant ce temps Fabrice a eu la bonne idée de faire un feu qui permet de nous réchauffer par intermittence.
A chaque fois que je mets la tête dans l’ouverture du puits, je détecte une agréable et indéfinissable odeur de champignons et de mousses mêlés mais mes camarades n’ont pas la même sensibilité olfactive que moi, Fabrice enrhumé ne décèle que l’odeur du feu de bois et Sébastien ne devine que la fumée résiduelle du papier d’Arménie au fond du gouffre. Alors en milieu de journée la cavité est baptisée le gouffre des Senteurs.

Bien décidés à y voir plus clair, ce qui est la moindre des choses pour une bande de spéléos, nous rempilons le lendemain. Creusement en fond de puits et tirages de seaux à tour de rôle. Fabrice réussi à dégager la petite ouverture et à pénétrer à plat ventre dans une jolie salle basse très concrétionnée. Un rongeur y a laissé là des miettes de faines de hêtre. Au fond, une petite pente terreuse qui remonte, la suite ne semble pas être par là. Nous reviendrons quand il fera plus chaud pour voir s’il y a du courant d’air.
Pour l’heure il nous reste du temps, allons voir les deux autres trous situés à proximité.
Quelques pierres enlevées et l’entrée que j’avais trouvée en début de séjour laisse apparaitre un beau puits-méandre de six à sept mètres de profondeur mais cette fois impossible de descendre sans baudrier les parois sont trop lisses. Il y a peut-être un passage au fond mais rien n’est certain. L’IH 470 déjà connu est ensuite dégagé rapidement de la même façon. Au fond d’un petit puits de trois mètres qui se descend facilement une petite ouverture d’où provient sûrement le courant d’air qui a fait fondre la neige mais il faudrait creuser pour trouver un prolongement.

Il reste de la matière pour les prochains séjours qui verront certainement une de ces cavités descendre plus profondément.