Camp d'été 2016

Pascal Mathellier
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Entrée YétiJe ne vais pas dresser la liste des sorties canyon et spéléo de ce camp d’été sur la Pierre Saint-Martin et le massif des Arbailles, ce serait un peu fastidieux, mais voilà un petit résumé et bien sûr quelques anecdotes.

Enchainements de canyons
La première semaine Christophe et Philippe ont initié huit personnes dans les canyons de Saint Engrâce, physiquement crescendo, du plus facile au plus exigent. Tous, semble-t-il ont été comblés. La deuxième semaine, en vue de préparer les futures sorties, nos deux coachs sont allés reconnaître d’autres sites - affluents de Kakouetta - même si pour certains le faible niveau des précipitations de ce mois d’août les ont obligés à traverser des vasques d’eau croupies…

Travail d’équipe
Les sorties spéléo se sont orientées principalement vers l’exploration, la désobstruction et la prospection : thèmes habituels des camps d’été.

Pour se mettre en condition, dès le début des activités spéléos, une séance de désobstruction collective dans le GA472 a mis tout le monde dans le bain. Ce petit gouffre est bien situé au-dessus de la grande galerie du GA306 mais il s’avère que le remplissage de terre, de blocs et maintenant d’argile est trop important pour continuer à s’acharner à sortir des seaux. Donc à rayer de la liste d’intérêt.

Une simple erreur de communication qui entraîne des conséquences
Pendant ce temps cinq d’entre nous sont sur la Pierre pour une grosse virée dans le gouffre du Couey Lodge (-625). Le soir, pas de nouvelles, cela ne nous inquiète pas, il est probable que la sortie se fasse tard dans la nuit. C’est au petit déjeuner que les messages lancés à partir 3h du matin nous parviennent.

Un secours a été déclenché !

La descente jusqu'au fond du gouffre s'est bien déroulée puis l'équipe a décidé de remonter en deux groupes espacés, avec un accord pour que tous se retrouvent à la salle du réchaud à –300 avant d’entamer la remontée des puits. Mais cette salle donne aussi accès au méandre amont, c’est là que l'équipe de tête s’est engagée sans s’en apercevoir. Les trois suivants ne voyant personne au point de rendez-vous ont supposé que les deux premiers avaient filé et ont entamé la remontée de la série de puits en déséquipant le gouffre. C’est une fois sortis qu’ils se sont aperçus de leur erreur : Jean-Louis et Thibault sont restés au fond.
Malheureusement l’épuisement ne leur permet pas de ré-équiper les 250m de puits sans risque. Grâce à l’engagement de quatre spéléos d’une équipe présente sur la Pierre, les cordes seront vite remises en place et tout le monde sera sorti à 15h30.
Un grand merci à ces quatre spéléos et au SSF64 pour leur intervention.

A la recherche de nouveaux réseaux
Dans les Alizés c’est une autre histoire. L’élargissement d’une étroiture à –60m qui doit permettre d’accéder à une salle, ne devrait être qu’une simple formalité.

Avec Pierre la décision avait déjà été prise de conserver le beau plancher stalagmitique de la galerie, très lisse et de s’attaquer plutôt au plafond.
Première difficulté : percer des trous au-dessus la tête, allongé dans un passage de cinquante centimètres de diamètre. Heureusement cette petite galerie est aspirante ce qui évite d’avoir la poussière de perçage dans les yeux.
Deuxième difficulté : l’extrême dureté de la roche qui, même fissurée, refuse de céder sous les coups de marteau, si tant est qu’on puisse taper sur un burin avec si peu de recul.
Nous avons vite fait de comprendre que rehausser un plafond en cintre allait prendre du temps. On sait pourquoi les Romains utilisait les voûtes pour soutenir leurs édifices : c’est du solide !

Les séances s’enchaînent avec plus ou moins de réussite et nous autorisent finalement au bout de trois jours à entrer dans la salle entrevue. En fait de salle il s’agit d’une alcôve où l’on peut seulement se tenir assis. Bizarre ce rétrécissement de l’espace : vue par le petit trou de l’étroiture la salle semblait beaucoup plus grande, je pensais qu’on y tiendrait debout.
Revenons à cette alcôve, elle se poursuit dans ce qui semble être un méandre plus haut mais à nouveau rétréci par une étroiture. Derrière, Pierre y voit une (belle) coulée de calcite scintillante d’au moins deux mètres de haut, sorte de Bouddha ventripotent qui trône au milieu de la galerie. Le chemin vers le Nivarna ?
Pour ma part le casque coincé dans l’étroiture, je n’y vois rien d’autre que le bas d’une coulée de calcite. Manque d’inspiration, d’imagination, de spiritualité ? Sûrement.

Le lendemain, nous sommes très efficaces. Le pétage de l’étroiture nous fait découvrir la suite : l’eau a creusé le méandre de manière différentielle, choisissant les parties tendres de la roche et laissant en travers de nombreuses lames subverticales qui sont maintenant un frein à notre progression. Le plancher est toujours concrétionné et notre Bouddha est bien là, posé sagement sur le sol, coincé entre deux lames, son généreux ventre couvert d’élégantes petites vaguelettes brunes. Seulement il ne mesure que soixante centimètres de haut !
Ca sera le passage du Petit Bouddha.
Derrière, la galerie tourne brusquement à droite mais il faut encore agrandir…
Aucun écho n’est détectable après une douzaine de mètres d’élargissement mais la cavité est très ventilée, c’est ce qui nous motive. Nous y reviendrons mais sûrement avec moins d’assiduité que cette année.

Cet été, le gouffre des Gégènes semble être la cavité la plus prometteuse pour faire de nouvelles découvertes. Au fond, à –220m les choses se présentent de mieux en mieux. Le méandre terminal qui s’ouvre en bas du puits des Assiettes montre un enfoncement rapide avec une succession de ressauts rapprochés. L’objectif est d’élargir les têtes de ces ressauts pour pouvoir descendre. Ce qui est vite dit mais pas vite fait.
Bien sûr un certain nombre de problèmes restent à résoudre. Le puits des Assiettes est actif en cas de pluie. On en connaît deux qui se sont fait prendre par une crue d’orage et ont du attendre deux ou trois heures que la douche en éventail de trente mètres de haut diminue en intensité pour remonter. Il faudra équiper ce large puits hors crue. Plus haut une partie de l’équipement est encore en mode « première » rendant peu aisés certains passages surtout avec un ou deux kits à gérer et pour finir des cordes glissantes sont à remplacer, en cause quelques zones glaiseuses qu’il faudrait shunter.
Et puis il reste aussi à aller voir une lucarne vers –150 qui permettrait peut-être de trouver une suite. Qui sait ?
Donc pour ceux qui en douteraient : de quoi s’occuper pendant les prochains camps.

Merci à tous les participants qui ont bien voulu traîner leurs bottes dans les trous souvent difficiles que nous explorons !