Exploration au gouffre des Gégènes, mars 2011

Jean-Louis, Pascal
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Petit-matinVingt et une heures, nous arrivons au Cayolar, la lune fait briller la neige tombée en abondance la semaine précédente. Jean-Louis, notre bernard l’ermite nous attend dans la pénombre : le groupe électrogène est, une fois de plus, tombé en panne. Le repas est préparé depuis longtemps et nous n’avons plus qu’à mettre les pieds sous la table. La salade pour le pique nique du lendemain est déjà au frais. Nous installons le groupe de secours, il tousse, éructe et fini par démarrer avec un bruit de tracteur ayant déjà trop vécu. Au bout d’une heure et demie d’éclairage au néon blafard, il cale irrémédiablement. Ces pannes électriques devenues habituelles ne nous empêchent pas de rêver aux découvertes futures.

Le lendemain matin, autour du café, nous définissons les objectifs de la journée : finir la topographie de la Galerie des Puits à l’amont et poursuivre l’exploration du méandre aval découvert par Olivier et Jean-Louis au nouvel an.


Un éclairage high tech.
Eclairage


Nous descendons tous les cinq jusqu’à la Salle à Manger, point de regroupement où nous pouvons trier le matériel et se débarrasser des bricoles inutiles pour l’explo. Fabrice en profite pour sortir son bâton magique, truffé de leds de puissance et alimenté par deux petites batteries au plomb. Son éclairage fonctionne à merveille et nous permet de faire quelques photos pendant que les autres engloutissent la salade de pâtes préparée avec amour par Jean-Louis.

Nous remballons la dinette.

Fabrice, décidément très motivé, atteint le premier, en escalade, la galerie perchée au-dessus de la Salle à Manger et disparaît après un virage à droite. Guidés par le son de sa voix, nous devinons sa progression entre les blocs dans un méandre étroit qui s’élève au-dessus de la Galerie des Puits et dont le plancher est crevé de multiples trous. Gare aux pavés qui tombent du plafond ! Un peu téméraire mais suivant notre conseil de prudence, il redescend et nous mettons au point une stratégie d’exploration pour la journée.

 


Une topographie acrobative.

Pascal, Olivier et Karim vont poursuivre la topographie de la partie amont après le passage en opposition. Arrive la boîte aux lettres, espèce de dos d’âne scoliosé où  Olivier s’engage en essayant toutes les positions possibles, pieds devant, tête en avant, sur le ventre, sur le dos. La prochaine fois il faudra envisager un stage de yoga préparatoire. Heureusement une petite niche permet de se retourner à l’endroit critique.
Salle de la lune, séance photos, salle de la vasque, escalade, puits, escalade, puits, nous parvenons au terminus sous une cascade. Pascal en ressort trempé après avoir vaguement distingué, dans les embruns, une suite perchée au dessus de l’émergence. Bon, nous attendrons l’été pour voir ce qui s’y cache.
Pendant ce temps, Fabrice et Jean-Louis continuent l’exploration du méandre perché de la Galerie des puits qui se poursuit sur environ trente mètres et s’élargit ensuite puis une verticale d’environ quinze mètres rend un équipement nécessaire. Un passage exposé surplombant la deuxième salle inférieure est équipé. Une trémie instable débouchant dans une petite salle devra être nettoyée pour sécuriser la progression. Afin d’économiser les amarrages inox, et pour s’assurer que ce méandre ne débouche pas dans la Salle de la Cascade, nous décidons, avant d’équiper, de patienter jusqu’au lendemain pour en faire la topographie.
Retour dans la Salle à Manger pour un petit encas. En traversant le puits arrosé de la Pêche, nous basculons dans le réseau des Typas  pour continuer son exploration. Descente au fond du puits entrevu au premier de l’an, une lucarne supérieure nous montre la suite. Fabrice équipe une vire et nous foulons une nouvelle salle argilo-sableuse dont la partie supérieure mène à une nouvelle tête de puits (P25). Arrêt par manque de matériel.
Retour des deux équipes à la Salle à Manger presque à la même heure, quelle coordination !
Sortis à la nuit après 9 heures passées sous terre, tous euphoriques… nous nous écartons par mégarde du petit chemin dans la prairie. Le brouillard n’aidant pas,  nous nous perdons en effectuant un long bouclage qui nous ramène à notre point de départ : l’entrée dans la forêt en direction La Taupe ! Avec un peu plus de concentration nous parvenons à retrouver le bon chemin vers le Cayolar.


La découverte d'un nouveau gouffre.

Gouffre des lumièresLa matinée est consacrée aux emplettes, notamment des piles car aucune recharge d’accus n’est possible, ainsi qu’à la visite de la maison de Sainte-Engrâce : de belles perspectives pour un autre terrain de jeu. Après le repas,  Pascal souhaite aller faire une reconnaissance dans la forêt entre le GA401 et le gouffre des Gégènes. Olivier, Karim et Jean-Louis l’accompagnent. Comme nous ne savons pas marcher sans fouiner autour de nous, ce qui doit arriver se produit : Olivier découvre deux nouveaux trous sur le flan ouest d’une grosse doline. Le plus intéressant  est nommé : gouffre des Lumières. L’entrée est trop étroite pour y passer mais les blocs jetés descendent en ricochant pendant un temps infini vers les entrailles des Arbailles. Bref, le rêve de tout spéléo normalement constitué.
Retour dans notre repaire d’Hommes des bois, sans eau, sans électricité, pour accueillir Clémence et Julien. Fabrice les encadre au gouffre des Trois Cloches pour une entrée en matière spéléo plus douce que la progression dans le GA 477. Karim nous rejoint pour la visite de cette cavité.
Un deuxième groupe  poursuit l’exploration du réseau des Typas et découvre un beau P25 qui se termine par un très joli méandre actif mais impénétrable et qui est certainement la suite de l’actif du Puits Androgyne. Jean-Louis déjà pénalisé par la panne de sa lampe principale, explose sa frontale de secours au fond de ce nouveau puits et remonte sans éclairage. Tout espoir de continuation n’est pas perdu car au dessus de la tête de puits, une grosse lucarne fossile a été repérée.
Après une entrée tardive dans le gouffre, nous ne serons de retour au cayolar que pour les douze coups de minuit en même temps que Pauline et Nathaniel qui viennent d'arriver.


Fond du puits TyvoipasLa découverte du gouffre des Lumières va constituer un excellent prétexte pour inaugurer le nouveau perfo Hilti. Les résultats sont à la hauteur de sa réputation car près de dix trous, de cinquante centimètres de longueur chacun, sont percés. C’est également l’occasion pour nos nouveaux lutins des Arbailles de s’initier à la désobstruction, de manier la pelle, le piochon et la barre à mine avec Olivier et Pascal.  L’enthousiasme est tel que l’équipe : Pauline, Nathaniel, Clémence, Julien, Karim et leur guide Olivier, ne commencent à descendre dans le GA 477 que vers 16h30.
Pendant ce temps, et depuis 10h30 Fabrice et Jean-Louis topographient le réseau des Typas et lèvent les cotes d’une partie du méandre supérieur de la Galerie des Puits avec l’appareil photo utilisé en mode vidéo pour remplacer les mines de crayon  absentes. L’escalade de la galerie fossile entrevue au-dessus du P25 est reportée pour raisons de sécurité : impossible de serrer les écrous car la clé de 17 est restée en surface….
Retour nocturne au Cayolar sans problème cette fois.


En résumé : le gouffre des Gégènes a, en ce mois de mars 2011, un développement de 600 m dont plus de 550 m topographiés, des perspectives de suite ont été repérées aussi bien à l’amont qu’à l’aval et il existe une possibilité de jonction avec le gouffre des Lumières.


Pendant le trajet retour, par le plus grand des hasards, après avoir contourné Bordeaux, nous nous retrouvons sur le Pont d’Aquitaine dans la direction des Arbailles ! Aurions-nous perdu le Nord, ou est-ce un acte manqué ?

Voir les photos.