Février dans les Arbailles

Pascal Mathellier
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Into the wildAprès les désaffections de dernières minutes, nous nous retrouvons finalement à quatre irréductibles pour participer à la session Arbaillesque du mois de février.

La neige tombée dans la semaine perdure encore jusqu’à 800 m d’altitude selon la météo, et l’arrivée dans la nuit au cayolar situé à 1000 m d'altitude nous ne enchante pas. Nous passerons donc la première nuit chez Jean-Louis qui nous accueille chez lui à Saint-Engrâce.

Les retrouvailles du matin se font dans la joie et la bonne humeur autour du petit déjeuner puis nous prenons la route vers notre cabane perdue dans la montagne, sans eau et heureusement sans télévision.
Tybo fait sourire la propriétaire du cayolar qui se demande comment sa petite voiture va réussir à monter le chemin enneigé jusqu’à bon port. La suite nous prouvera qu’elle avait tort car c’est la voiture de Pierre qui reste plantée au milieu de la piste, nécessitant un déchargement de tout son contenu dans la neige. S’en suit nombre d’allers-retours avec les sacs et le matériel chargé sur la luge que nous traînons derrière nous jusqu'au cayolar. Le dégagement de la piste devant les roues de la voiture avec les moyens du bord nous permet de la monter dix mètres par dix mètres jusqu’aux abreuvoirs. Les chonchons de service s’en donnent à cœur joie (on les aime quand même) mais Jean-Louis et moi trouvons l’aventure amusante et pimentée. Nous sommes tous heureux de nous retrouver au centre des Arbailles une fois encore. Une fois le cayolar investi, le poêle mis en route, la gamelle de neige en train de fondre sur les plaques et le sandwich avalé, nous décidons, le jour déclinant vite en cette saison, de partir faire de la prospection au dessus du GA56, dans l’espoir de trouver une entrée supplémentaire. Bien sûr nous trouvons une entrée inconnue mais pas à l’endroit prévu. Le retour à la cabane se fait par la pente la plus raide, entraînant quelles glissades sans gravité dans la neige.

Bières, débitage de bois, poulet à l'indienne et liqueur à la mandarine sera notre menu du soir. Franchement il y a plus malheureux que nous.Un nouveau trouLe lendemain le temps s’est mis au beau ; tant mieux, mais la neige commence à fondre. Pas question d’aller dans les Gégènes où la désob. prometteuse de novembre nous permettrait de faire de la première car le dernier puits très arrosé va nous interdire l’accès à la partie intéressante de la cavité.
Après proposition de Jean-Louis le choix s’oriente vers une désobstruction au fond du GA1.
Quatre-vingt mètres de ramping dans le méandre d'entrée caillouteux (ça râle encore) et un peu de ré-équipement et nous pouvons descendre le joli Puits de la Coulée ainsi que les ressauts suivants. Ce réseau est habituellement sec mais cette fois nous entendons l’eau couler. A 15 m du fond, je repère une niche où l’eau circule. Cette partie n’a, à priori, jamais été explorée. Nous parvenons à descendre dans cette cuvette étroite et arrosée. Un passage où l’on peut passer la tête délivre un écho inattendu. Il y a peut-être une suite par-là ? Mais Pierre qui est descendu à – 60 nous prouve que l’écho est aussi présent où ressort l’actif. Il s’agit donc d’un petit réseau parallèle qu’il est inutile d’ouvrir.

Nous accédons à la partie terminale : un méandre entièrement comblé par de l’argile de décantation, témoin d'une ancienne montée des eaux. Le boulot nous attend, deux seaux et une pelle cassée en guise d’outils et nous commençons à creuser à quatre pattes dans ce remplissage compact qui a fermé le méandre. Chacun notre tour, pour éviter de se refroidir et de se tuer à la tâche, nous finissons par faire baisser le niveau du sol. Après deux heures et demie de labeur et un mètre-cube évacué, nous atteignons l’extrémité du méandre où se trouve une petite lucarne. C’est à cet endroit que nous entendons l’eau suivre son chemin plus loin et plus bas. Hélas aucun courant d’air digne de ce nom ni écho ne sont perceptibles. Il faudrait poursuivre la désobstruction pour y voir plus clair mais nous préférons rentrer au cayolar avant la nuit.

Le jour suivant est consacré aux gouffre des Alizés où les résultats de la dernière séance de désobstruction intense a du produire ses effets. Effectivement le résultat est impressionnant : il nous faut au moins une heure pour extraire tous les blocs et gravats du méandre. Cette fois-ci, comme les températures extérieures sont basses, il souffle.
Nous préparons une nouvelle salve mais pas question de rester tous au fond. Pierre le téméraire fera le feu d’artifice tout seul en bas du P30, puis remontera rapidement. Je me charge du déséquipement du dernier puits. A quelques mètres sous l’entrée, par sécurité je dégage un bloc suspect d’une vingtaine de kilos enchâssé dans l'argile, il finit sa course vingt-cinq mètres plus bas. Il était temps de faire tomber cette épée de Damoclès !

Pentes escarpées
Jean-Louis rentre chez lui le soir même et Thibault le lendemain midi. Pour terminer ce séjour, Pierre et moi partons prospecter dans la partie haute de la grande doline située au-dessus du cayolar. L’écobuage récurrent et incontrôlé a fait disparaître presque toute la végétation dans les pentes escarpées, laissant la roche à nue dans de nombreux endroits. Seuls subsistent les grands arbres, les ronces et épineux ayant disparus. Cela nous permet maintenant d’arpenter facilement le terrain. Nous trouvons deux entrées intéressantes que nous pointons au GPS. De quoi faire de l’équipement de première lors de notre prochain séjour.