Nous profitons encore de nos amis toulousains d’Aterkania pour mener un interclub canyon SCSH/ATK.
Ce traditionnel camp familial de juillet a été planifié du côté français des Pyrénées. Nous campons sur les hauteurs de Gèdre acculés dans le secteur de Gavarnie alors que le tour de France passe plus bas dans la vallée. La météo ne nous a pas été des plus agréables en début de semaine avec des températures « hivernales » et des orages. Nous avons dû compenser par des petites randonnées de moyenne altitude, cirque de Troumouse, cirque d’Estaubé, val d’Aspé.
Dans les canyons
Ossau supérieur : canyon d’altitude toujours aussi beau (et froid) avec cette vue aérienne sur les estives. Le niveau d’eau assez important nous obligera en raison de la participation des enfants, à se dérouter de certaines cascades avec des relais humains. Les marmottes sont toujours là pour nous accueillir à l’arrivée.
Arribère : c’est une découverte pour les participants. Le seul qui l’avait fait (il y a des siècles) était resté au camp, démotivé par cette météo. Ce canyon est très peu pratiqué et nous avons progressé à travers ronces et orties pour descendre dans ce petit ruisseau encombré par la végétation. Il y a heureusement dans la seconde partie quelques belles verticales sur laquelle les ados ont pu tester les techniques de bouclage de corde et de débrayage par le bas avec reprise de charge. Une bonne journée pour nous mais cela reste un canyon de moyen intérêt. L’équipement en broches est correct mais des sangles et nodules à demeure commencent à vieillir. On peut le faire avec plus d’eau. Le chemin d’accès est resté introuvable dans sa dernière partie. Gloriettes : alors que le soleil refait surface, c’est une agréable succession de cascades dans un bel environnement de montagnes. Qu’on se le dise, nous avons pu vérifier que les broches amenant au-dessus de la fameuse vasque-piège ont été sciées. Par conséquent, plus de polémique à entretenir sur ce canyon.
Gèdre : plan de repli le dernier jour du fait de l’interdiction d’autres canyons en raison du seuil trop haut des barrages amont. Pourtant parcouru par les guides, le débit d’eau le rend très aquatique et un des participants reste coincé sous goulotte suspendu par son sac. Il s’en sortira par une roulade arrière et un saut imprévu. Sans fâcheuses conséquences heureusement.
En spéléo
Nous avions planifié une exploration des grottes glacées des Isards sur le versant espagnol du Marboré. En fin de semaine avec le retour d’une météo favorable, alors que nos amis toulousains feront le canyon de Tourette, Blanche, Louise et moi partons à la fraiche, équipés montagne et spéléo. La durée de cette course est avant tout liée à la marche d’accès en altitude. Nous partons un peu tard, je ne suis pas en forme et monte péniblement avec un mal de ventre. Arrivés au refuge, je transfère le matériel et toutes les indications aux filles. Je les suivrai à distance mais je n’arrive pas à tenir la cadence. Je les rejoins une dernière fois au niveau de la brèche de Rolland ; elles basculent côté espagnol. Il faut rester en altitude, passer une vire aérienne. Une sente longe le pied de la paroi dans laquelle quelques ouvertures refoulent un souffle glacial. Le devers est important et l’utilisation des crampons est rassurante sur certains névés. J’aperçois enfin la bonne paroi percée de cavités mais je ne vois pas comment y accéder, la sente que je longe monte au sommet du Casque. Il me faut opérer un demi-tour pour redescendre au pied de cet éboulis pentu. Les filles restent invisibles et cela m’interroge. Elles auront eu plus de cran que moi et auront poursuivi sur ce devers pour atteindre la grotte n° 2 qui recèle du matériel de bivouac. Faute de recul, elles se fourvoieront dans la « fausse grotte n° 5 ». De mon côté, je suis redescendu et je peux enfin avoir une vue globale des cavités et repérer la n° 5 où je ne remarque pas de traces sur le névé d’accès. (!?) Il est trop tard pour tenter une montée, j’opère un demi-tour persuadé qu’elles n’ont pas trouvé. Et pourtant, elles persévèrent, descendent pour se positionner au bas de la bonne ouverture et reprennent l’ascension. L’éboulis est raide, la dernière partie sur névé est cependant plus pratique avec crampons et piolet et elles arrivent enfin au niveau de l’ouverture.
Lors de sa découverte par Norbert Casteret, l’accès se faisait en ramping sur la glace ; en 2003 lors de la reprise des explorations par les Suisses, on rentrait courbés. Les filles y accèdent maintenant debout, ce qui confirme le dégel rapide et la disparition annoncée de ces merveilles glacées. La progression jusqu’au lac qui ressemblait davantage à un pédiluve sur plancher glacé est réduite à 30m. Au-delà les diverses galeries sont en forte pente ou aboutissent sur des grands puits nécessitant des équipements. On a la fâcheuse impression de marcher sur une fine couche de glace avec du vide interstitiel et de risquer de briser la glace pour s’enfoncer. Les colonnes et concrétions de glaces sont assez fines. Elles ne dureront très certainement pas. Quelques photos et il faut ressortir, se confronter à la descente, avec un tout petit espace pour se déséquiper en équilibre. De mon côté, je suis redescendu au refuge, lieu de notre rendez-vous, ne les trouvant pas, je remonte une nouvelles fois à la brèche. Il se fait tard et les nuages remontent de la vallée. Je les vois enfin sur le chemin du retour. Il faut rapidement redescendre dans un brouillard épais avec quelques hésitations et inquiétudes. Nous arrivons à la voiture à 21h30 à la tombée de la nuit.
Sans se tromper, comptez de 6 à 8 h de marche aller-retour depuis le col des tentes.