02 juin 2020. Cette date restera dans notre mémoire comme le jour où nous avons retrouvé un semblant de liberté, l’espoir d’un retour à notre vie d’avant durement perdue un soir de Mars. Ca y est, nous pouvons enfin franchir la barrière des 100 km et reprendre nos sorties laissées depuis trop longtemps en suspens. C’est dans cette perspective que nous décidons d’organiser rapidement une sortie classique dans le Lot au cours du mois de Juin. L’occasion de fêter l’arrivée de l’été et surtout nos retrouvailles.
Le confinement ayant fait son œuvre, nous serons nombreux à vouloir enfiler nos combinaisons pour partir sous terre. Pascal, Olivier B et moi décidons même de partir dès le jeudi soir pour profiter d’une journée d’activité supplémentaire.
Arrivée tardive, réveil matinal au gîte de Gramat parfaitement adapté aux spéléos. Après plusieurs cafés nous partons sous un beau soleil en direction de l’Igue des Combettes. Les fortes précipitations de ces dernières semaines - déconfinement oblige – nous donne l’espoir d’une petite descente aquatique. Nous retrouvons sur place Jean-Louis à l’heure et au taquet comme à son habitude ! Pascal part en tête équiper le puits d’entrée quelque peu glissant et nous arrivons rapidement tous les quatre à un premier palier. Un dernier grand puits et nous voilà en bas prêts à débuter notre randonnée aquatique.
Notre progression aisée tout au long de la rivière n’en demeure pas moins esthétique. Nous traversons de superbes galeries dont la roche sculptée de toute part nous en dit plus sur le travail de l’eau cristalline qui coule sous nos pieds. De petites cascades viennent ponctuer notre chemin, mélange de canyonisme et de spéléologie. Nous arrivons bien vite au siphon et rebroussons chemin vers la surface. Dehors, le soleil brille encore largement et nous en profitons pour déjeuner autour d’une bière. Nous rentrons en fin d’après-midi au gîte où une partie de l’équipe est déjà arrivée.
Une fois au complet, nous décidons de nous diviser en deux groupes pour le samedi et le dimanche et de switcher les deux cavités prévues au programme.
Seuls Olivier B et Louise se démarqueront la journée du samedi en partant de leur côté pour une journée d’apprentissage à l’équipement dans l’Igue Saint-Martin.
Igue Saint Martin : (Olivier, Louise)
Après avoir acquis la théorie sur l'arbre du jardin et une première expérience en falaise, Louise peut enfin s'attaquer à l'équipement d'une cavité comme elle le souhaitait depuis longtemps. L'igue Saint-Martin est tout à fait adaptée à l'exercice de lecture de cavité. Elle démarre avec un gros kit alors que je descends en parallèle avec rappel de corde afin de rester en contact visuel. Très rapidement, comme à peu près tous les débutants, elle se retrouve en frottement sur un bombé et doit remonter pour poser un relais en plafond. Par la suite, elle équipera sans faute les nombreux fractionnements. Alors qu'elle achève la dernière virée du premier grand puits incliné, je reçois une bordée de petits cailloux projetés de la tête de puits. Une équipe nous suit. Le temps de casse-croûter et l'équipeur de cette troupe inattendue arrive à notre niveau. Nous le laissons passer et renonçons alors à équiper les 2 petits puits intermédiaires dans lesquels il était prévu de travailler les AN et les tisserands ; ce sera pour une prochaine. On remonte aussitôt.
La suite est moins plaisante ; il y a deux débutants sur la cordée de descente et il faudra attendre un moment sur corde pour pouvoir se croiser. Comme je déséquipe, Louise remonte le kit le plus lourd ; il déstabilise son maillon et contraint son croll. Elle laissera beaucoup d'énergie sur les amarrages plein vide mais parvient vaillamment à rejoindre la surface avec son fardeau. C'est un vrai baptême du feu. Il faut néanmoins revoir le choix de son baudrier peu adapté à une taille d'adolescente.
TPST : 6h30
Igue des Merveilles
Cette cavité sera sans aucune doute la plus belle découverte de notre week-end, si belle que nous tairons son vrai nom pour le remplacer par un autre qui lui sied à ravir. Les trésors qui s’y cachent méritent d’être préservés…
Notre petit groupe arrive à l’heure du déjeuner à proximité de l’entrée étroite de l’Igue. Jean-Louis part en premier équiper le grand puits fractionné suivi de Pascal qui prend le temps de modifier l’équipement car sur un amarrage - double heureusement - une vis est sortie d’une cheville antédiluvienne dans laquelle elle était posée.
Le grand puits d’entrée d’une confortable largeur nous amène dans une grande salle concrétionnée. A elle seule elle vaut le détour ! Au bout de cette salle, un petit puits annonce la suite de notre parcours. Notre petit groupe progresse tranquillement dans une succession de passages étroits. Les nombreux moments d’attente typiques de l’activité nous permettent de contempler le décor qui s’offre à nous. Des concrétions de toutes sortes, des insectes calcifiés, tout est beau et ce n’est que le début ! Quelque temps plus tard les passages s’élargissent, les puits s’allongent, concrétionnés de part et d’autre, et au détour d’un dernier fractionnement nous apercevons notre récompense. Du haut c’est déjà très beau mais rien comparé à notre émerveillement une fois arrivés en bas. Une vraie salle au trésor : des colonnes, des stalactites, des stalagmites, des dents de cochons au sol, des excentriques… Bref, nos yeux parcourent cette salle dans les moindres détails. Pascal avait prévu le coup en apportant son appareil photo et ses flashs. Quelle bonne idée ! Il immortalise ce moment prenant en photo des mannequins d’un instant parmi notre groupe et les positionnant de ci de là à la lumière des flashs et au milieu de ce merveilleux décor.
Nous reprenons des forces et nous entamons l’un après l’autre la remontée laissant notre trésor du jour dans la pénombre.
La remontée est plus rapide car nous laissons les cordes en place pour l’équipe du lendemain. Nous sortons en fin de journée et retrouvons le reste du groupe au gîte où les conversations iront bon train au sujet des sorties du jour.
Igue de Mirandol
Le week-end s’achève déjà par une classique bien connue : l’Igue de Mirandol et son entrée par la voie de chemin de fer touristique.
Les cordes posées la veille par le second groupe nous permettent d’arriver rapidement au cœur des difficultés. Une longue galerie étroite nous obligeant à jouer des coudes, parfois allongés, et à nous contorsionner ralentit quelque peu la cadence. Nous en sortons tant bien que mal, passons un méandre plus large cette fois et débouchons dans une immense galerie. Sur notre droite le chemin vers l’aval de la rivière, en face le chemin vers l’amont. Nous prenons d’abord à droite mais nous sommes très vite stoppés par une grande voute mouillante d’une forme rectangulaire parfaite. Nous rebroussons chemin puis nous nous engageons presque tous vers l’amont pensant qu’il s’agirait maintenant d’une belle balade. Première surprise lorsqu’aux premiers pas nous sommes aspirés par une épaisse couche de boue gluante dont il est parfois difficile de se défaire. Par chance personne n’a perdu de chaussure dans la bataille ! Nous continuons tout de même notre progression puis, après une vire suspendue, nous arrivons sur un sol bien plus accueillant jonchés de petits galets. Nous marchons longtemps dans cette grande galerie qui perdra de plus en plus d’attrait au fil de nos pas. Arrivés devant la première voute mouillante, le temps et la motivation nous font renoncer à nous engager. Il paraitrait que le plus intéressant vient après, tant pis ce sera pour une prochaine fois.
Nous retrouvons rapidement notre réjouissante partie de boue et le méandre étroit. Thibault ferme la marche et déséquipera l’intégralité de la cavité.
Après un déjeuner vite expédié nous prenons la route du retour envisageant déjà un prochain week-end-classiques.