Nous sommes partis, Christophe et moi (Philippe), du 16 au 20 février, au premier stage découverte du canyon hivernal à Gavarnie organisé par Cyril de la FFS. Attirés par les superbes photos vues dans les recueils de José, nous étions curieux et avions envie de découvrir cette autre facette du canyoning. Bien sûr la peur du froid nous inquiétait mais nous avions loué des combines étanches, la météo nous promettait un temps idéal.
Le 1er jour, rdv a été donné à 9h30 et a été consacré à la sécurité et l’utilisation des différents matériels : DVA (Détecteur de Victime d’Avalanche), sonde … Nous avons été sensibilisés aux risques lors des marches d’approche ou de retour et de la tenue à avoir en cas d’incident. Nous avons ainsi fait connaissance avec les autres stagiaires et l’équipe des cadres. L’ambiance est excellente et cette journée se terminera collectivement autour d’un verre de bière ou autre.
2ème jour au programme est prévu le canyon Oussoue inf., on va tester pour la première fois les combines étanches. Ce canyon est situé à 20 min à pied sous notre chalet donc approche pédestre. Une fois changés, on s’immerge dans le canyon et la sensation est bizarre. On reste sec et l’air emprisonné dans la combine nous fait flotter. On est bien d’autant plus que le soleil rayonne. On se croirait en canyon estival s’il n’y avait de la neige sur les rochers. Tout se passe bien, chacun équipe sous le contrôle des cadres. C’est un petit canyon bien joli avec un bon débit mais raisonnable. On ressort du canyon et mangeons notre pique nique. Les combines étanches que nous avons louées reviennent du rassemblement hivernal qui avait lieu dans les Alpes 15 jours avant et ne sont pas étanches à 100%. Christophe et Bernard ressortent pas mal d’eau en se changeant. Pour moi il y a un peu d’infiltration par la fermeture mais cela reste supportable. La marche de retour s’avère un peu laborieuse dans un mètre de neige avec nos kits bien chargés et quand la marche d’approche se fait en descendant il faudra bien sûr tout remonter au retour.
3ème jour nous partons pour le canyon de Gèdre (ou gorges d’Héas). Le soleil est toujours présent et nous profitons de cette descente pour revoir les techniques de débrayage du bas en boucle. On se rend compte que les progressions entre les cascades sont beaucoup plus laborieuses avec les rochers gelés et recouverts de glace. Un canyon qu’on ferait en une heure en estival peu prendre trois heures en hivernal et la marche de retour dans la neige est aussi ardue. L’après midi on apprendra à créer un amarrage en enfouissant un piolet ou un sac rempli de neige ou en creusant dans la neige une forme de goutte d’un mètre de diamètre. Et ça tient…
4ème jour je vais faire le canyon des Gloriettes et Christophe va à la cascade de glace de St Savin. Pour les Gloriettes, la marche d’approche est estimée à une heure car la route est bloquée par la neige. Avec notre kit sur le dos, chargé de notre matos perso plus cordes, pelle, sonde, raquette à neige, piolet, on mettra 1h30. Avant de nous équiper, nous changeons de T-shirt et de chaussettes pour être au sec dans la combine étanche. Ce canyon est magnifique avec ses stalactites de glace et la neige omniprésente. Certains amarrages ne sont pas accessibles sous la glace ou la neige et nous devons improviser des amarrages avec cordelette et maillon rapide pour pouvoir progresser. Le retour se fera avec les raquettes qu’on est content d’avoir apportées. Pour Christophe qui devait voir les techniques de progression sur cascade de glace, la qualité de glace n’a pas permis de faire tout ce qui était prévu, mais il aura testé la marche avec les crampons et lors d’une chute déchiré sa combine étanche. Heureusement des patches permettront de la remettre en état.
5ème jour tout le monde va descendre le canyon Marboré. Situé dans le cirque de Gavarnie, on en prend plein les yeux pendant la marche d’approche. Les gens qu’on croise nous prennent pour des fous quand on leur dit qu’on va faire du canyoning. Il fait froid et les lacets et les cordes sont raides quand on se change. A l’entrée du canyon Cyril remarque une cascade de glace parfaite pour nous montrer les Abalakov (technique pour créer un amarrage dans la glace). On poursuit par le canyon. Il faut éviter de rester sous les stalactites de glace qui, si elles tombaient, pourraient faire grand mal.
En conclusion ce stage fut très intéressant à suivre et enrichissant de techniques et rencontres. De plus la météo fut tous les jours ensoleillée ce qui a rendu notre séjour très agréable. On se rend compte que cette très jeune discipline (10 ans environ) nécessite une grande maitrise technique et beaucoup de matériels spécifiques (DVA, pelle, sonde, piolet, crampons…) qu’on n’utilise pas en estival. Il y a aussi toute une gestion des affaires de rechange pour éviter d’avoir trop froid dans les canyons. Comme nous ont dit les cadres, tout canyon n’est pas faisable en hivernal et avant de s’engager il faut déjà bien connaître le terrain (savoir où sont placés les amarrages …) et savoir que le temps pour le faire est multiplié par 2 ou 3. Cela restera pour nous une très belle expérience et pourquoi pas, se donner rendez-vous au rassemblement hivernal qui aura lieu dans les Pyrénées l’année prochaine…