Ce petit compte rendu pour vous dire qu’une fois de plus ces quelques jours dans les Arbailles ont été pleins d’émotions et de découvertes dans un cadre montagneux dont on ne se lasse pas.
Quand nous arrivons en fin de matinée, il est déjà trop tard pour envisager de faire une sortie longue, Pierre et moi proposons une après-midi de prospection dans un secteur sauvage du massif que nous avions préalablement repéré, plus loin que nos zones habituelles de pratique spéléo. Notre proposition est accueillie favorablement par nos amis de Limoges qui se sont joints à nous pour le week-end.
Après une heure de marche, nous atteignons le secteur visé, la pente est assez prononcée mais la marche est aisée car la forêt est ici clairsemée. L’absence de taillis nous donne une visibilité d’une centaine de mètres. Une faible épaisseur de neige recouvre le sol.
En partie basse de cette pente nous retrouvons deux gouffres déjà pointés au GPS mais c’est la partie haute qui nous intéresse. Très rapidement nous découvrons une petite zone déneigée où les feuilles mortes apparaissent, puis une autre et encore une autre. Le dégagement de la terre et de quelques blocs à ces endroits livrent des trous souffleurs, avec des courants d’air conséquents. Le premier est vite agrandi et se prolonge par une galerie horizontale qui se rétrécit rapidement sur une étroiture concrétionnée soufflante. Le deuxième, à quelques mètres est vertical et encombré de blocs qui avoisinent les cent kilos. J’effectue les pointages et photos habituelles.
Quelque temps plus tard, Pierre trouve un ‘ trou de lapin’ qui lui aussi exhale de l’air chaud. Nous l’agrandissons. Il est recouvert de rochers qui barrent l’accès à un puits d’au moins dix mètres. Cette partie est certainement très ancienne, le karst démantelé a recouvert les ouvertures des cavités et orifices du lapiaz et sa surface est maintenant lissée par la terre et l’humus. Il reste une grande arête de calcaire dénudée qui descend du sommet et quelques escarpements associés qui émergent de cette zone.
Nous rentrons assez tôt de peur de nous perdre une fois la nuit tombée dans la mythique et étrange forêt des Arbailles.
Forts de nos découvertes, en oubliant complètement les objectifs fixés avant le départ, nous revenons le lendemain avec des arguments de désobstruction plus persuasifs que la veille : une barre à mine modèle géant, deux perfos et des tubes pour casser le rocher. Nous formons deux groupes : chacun son trou !
Il nous faut plusieurs heures pour dégager le notre grâce à l’efficacité d’Alain surnommé Hulk par Pierre et faire enfin apparaître un puits d’une quinzaine de mètres, confortable, que nous équipons avec deux goujons. Au fond un petit ressaut de trois mètres bouché par un bloc que nous avons fait tombé de l’entrée. Il se volatilise vite grâce à nos techniques de désobstruction. Nous pénétrons ensuite un départ de méandre de trois mètres de haut qui devient étroit rapidement. Mais le courant d’air est bien présent et un écho proche laisse à penser qu’il y a certainement une suite.
Le deuxième groupe emmené par Olivier s’est attaqué au « Bidon 2 » : c’est son nom. Il est proche d’un vieux bidon rouillé, vestige supposé d’une ancienne coupe de bois. En fin d’après-midi tous les blocs qui bouchaient le puits gisent éparpillés autour de l’entrée éventrée. On y voit un puits de trois ou quatre mètres qui souffle un air qui paraît chaud au regard de l’atmosphère extérieure glaciale. Malheureusement il est encore trop étroit pour y descendre.
Encouragés par ces débuts prometteurs, nous poursuivons le lendemain, seulement à quatre car les copains limougeauds nous ont laissés à nos premières. Pierre et moi entamons l’élargissement du méandre du « Bois de Cerf ». Olivier et Jean-Louis s’attaquent au burin et la masse à l’étroiture du « Bidon 1 ». L’après-midi se déroule sans anicroches malgré une température en chute libre qui rend l’attente à l’extérieure insupportable, surtout avec une combinaison trempée.
Le lendemain nous ne sommes plus que trois, je redescends avec Pierre poursuivre le travail au « Bois de Cerf » qui s’est mis à fumer des volutes de vapeur. En bas du ressaut les déblais nous servent à faire des marches. Olivier repart se muscler les bras au « Bidon 1 ». A 14h nous le rejoignons, il a passé l’étroiture du fond et se trouve maintenant dans un puits tout aussi étroit. Un dernier perçage pour préparer le futur et nous rangeons le matériel jusqu’à la prochaine première.
Les participants motivés : Alain, Manu, Joël, Olivier, Jean-Louis et Pascal.